TRAVAUX PUBLICS. La ministre des Transports, Elisabeth Borne, a confirmé ce jeudi 18 octobre 2018, l'abandon du projet d'autoroute entre Lyon et Saint-Étienne. Le gouvernement explique son choix par le trop grand prélèvement de terre agricole et l'impact environnemental.

"Si ce projet était simple et consensuel, l'autoroute A45 serait réalisée depuis longtemps", déclare Elisabeth Borne dans une interview au Progrès datée du 18 octobre 2018. La veille, la ministre des Transports avait confirmé l'abandon du projet d'autoroute entre Lyon et Saint-Étienne, censé désengorger le trafic entre les deux métropoles rhodaniennes. "On ne peut pas ignorer le prélèvement de terres agricoles, l'impact environnemental, l'absence du grand contournement de Lyon sur lequel l'A45 doit déboucher. Le Conseil d'orientation des infrastructures, qui est une instance indépendante et transpartisane, a recommandé de travailler plutôt sur des solutions alternatives routières et ferroviaires à l'A45. C'est aussi la position du gouvernement", explique Elisabeth Borne, qui avait annoncé sa décision à des parlementaires de la Loire.

 

"La méthode est indigne"

 

Pour rappel, en 2008, le projet avait été déclaré d'utilité publique par le ministre de l'Écologie de l'époque, Jean-Louis Borloo, le secrétaire d'État aux Transports, Dominique Bussereau, et le Premier ministre, François Fillon. Depuis tous les feux étaient passés au vert pour les acteurs du projet : le financement était acté, le Conseil d'État et l'Autorité de régulation des activités ferroviaires et routières (Arafer) avaient validé le projet. Il ne manquait que la signature de la ministre des Transports, qui n'arrivera jamais. A la place, Elisabeth Borne explore les pistes d'un élargissement à 2x3 ou 2x4 voies de l'A47, un nouveau pont de franchissement du Rhône tout en doublant le nombre de voyageurs quotidiens par train, qui s'élève à 20.000 actuellement. Elle a également assuré que l'État tiendrait "son engagement des 400 millions d'euros pour améliorer la relation entre Saint-Étienne et Lyon", initialement prévu pour l'A45.

 


Sans surprise, les réactions sont variées. Du côté des acteurs et partisans du projet, la déception est grande : "Si la décision est indigne sur la forme, elle est sur le fond, incompréhensible", ont réagi Laurent Wauquiez, président LR du Conseil régional d'Auvergne-Rhone-Alpes, Georges Ziegler, président du Conseil départemental de Loire, et Gaël Perdriau, maire de Saint-Étienne. "Le dossier de l'A45 était techniquement, juridiquement et financièrement bouclé depuis avril 2017 (...) Il y a quelques jours encore, la ministre indiquait que l'hypothèse de cette liaison autoroutière entre Lyon et Saint-Étienne n'était pas écartée. Nous demandons à la ministre de prendre enfin ses responsabilités et de faire preuve d'un peu de courage pour confirmer ou infirmer ces informations directement auprès des acteurs de notre territoire", ont-ils ajouté. Ce à quoi Elisabeth Borne a répondu avoir précisé sa position auprès de Laurent Wauquiez lors d'un entretien le 9 octobre 2018. De l'autre côté, les opposants saluent une "très grande victoire". Cependant, la coordination des Anti-A45 demande "des garanties et un véritable plan B, pas un simple rafistolage de l'existant, A47 et TER compris". Les élus écologistes de la région sont eux aussi ravis de l'abandon du projet : "Les associations, les citoyens et les écologistes sont enfin écoutés".

 

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