Aux 1ères Rencontres de la Maîtrise d'oeuvre, Jean-Jacques Aillagon et Gilles de Robien ont donné quelques signes rassurants aux professionnels de la maîtrise d'oeuvre venus en masse pour manifester contre le projet de réforme des marchés publics.

Alors que les députés viennent de voter en deuxième lecture le projet de loi habilitant le gouvernement à simplifier le droit par ordonnances - qui inclus les mesures sur la passation des marchés publics - le ministre de la Culture et de la Communication Jean-Jacques Aillagon et le ministre de l'Equipement Gilles de Robien ont tenté de rassurer les professionnels venus en masse au 1ères Rencontres de la Maîtrise d'oeuvre qui se tiennent jusqu'à jeudi au palais des congrès de Paris.

Le ministre de la Culture est arrivé à la tribune vêtu d'un tee-shirt noir sur lequel on pouvait lire "Faim d'architecture", un symbole fort qui a ravi le public pourtant méfiant. Le ton étant donné, Jean-Jacques Aillagon a pu passer en revue les grandes questions d'actualités traitant de l'architecture.

"S'agissant des évolutions étudiées de la maîtrise d'ouvrage publique, je plaide, vous le savez, pour une totale prise en compte de la spécificité des métiers de la conception, et notamment de celle des architectes" a-t-il notamment déclaré. Le ministre a estimé que "s'agissant de la procédure de conception-construction, nous sommes convaincus (avec le ministre de l'Equipement Gilles de Robien) qu'elle doit rester dérogatoire et qu'avant d'aller plus loin, il est nécessaire d'en évaluer les conséquences".

Jean-Jacques Aillagon a par ailleurs affirmé qu'"il est urgent de réajuster l'enseignement dispensé dans nos écoles d'architecture. La formation de nos 17.000 étudiants doit être renforcée, harmonisée avec l'enseignement supérieur (...) C'est pourquoi j'ai souhaité mettre en oeuvre dès la rentrée 2004, de façon progressive, une réforme de l'enseignement de l'architecture".

De son côté, Gilles de Robien a indiqué qu'en matière de construction, "le gouvernement doit poursuivre deux buts que je résumerai en une phrase : "que des projets de qualité se réalisent" ". "Je n'ai le goût ni des constructions au rabais, ni des beaux projets qui restent en carton. Pour cela, il faut des hommes. Aucune procédure, aucune obligation ne remplacera la qualité des personnes" a-t-il poursuivi.

En tant que ministre en charge de l'urbanisme, Gilles de Robien a rappelé "qu'il ne faut pas opposer qualité urbaine et qualité architecturale". "La loi Urbanisme et habitat qui vient d'être votée permettra me semble-t-il, de lever d'inutiles blocages sans remettre en cause, je dirais même au contraire, en confortant, les deux avancées de la loi SRU : le souci de la planification et la démarche de projet. La prochaine étape, qui vous concerne de près, et que nous mènerons de concert avec Jean-Jacques Aillagon, c'est la simplification des autorisations d'urbanisme" a-t-il annoncé.

En rappelant l'importance d'avoir de "bons maîtres d'ouvrage, de bons maîtres d'oeuvre. Mais aussi de bonnes relations entre les deux", le ministre a déclaré qu'il fallait faciliter "un choix éclairé du maître d'oeuvre par le maître d'ouvrage". "Jean-Jacques Aillagon et moi-même sommes tous deux très sensibles à la question de l'anonymat dans les concours. Nous y travaillons, en lien avec Francis Mer. Je pense qu'à la rentrée nous serons en mesure de vous donner et de donner à tous les maîtres d'ouvrage, une réponse juridiquement solide à cette question difficile " a-t-il annoncé.

Enfin, concernant la loi MOP, le ministre a affiché sa préférence à une adaptation globale de la loi en précisant "qu'il faudra dire dans quels cas les missions de maîtrise d'oeuvre et de construction peuvent être regroupées -cela doit rester l'exception, nous sommes tout à fait clairs là-dessus- et dans quels cas, elles doivent rester séparées. Pour nous, la séparation entre conception et construction doit rester la règle générale".

Reste à convaincre les autres membres du gouvernement. Les deux ministres ont indiqué avoir évoqué ce problème ce matin même avec le Premier ministre Jean-Pierre Raffarin. Une seconde réunion - plus détaillée - devrait même se tenir prochainement avec le Premier ministre.

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