VIGILANCE. Deux balcons se sont effondrés, à Yvetot (Seine-Maritime) et aux Mureaux (Yvelines), en l'espace de quelques jours. Deux jeunes sont hospitalisés. L'attention se porte à nouveau sur la sécurisation de ce type d'ouvrages. Une pétition vient d'être lancée par une résidente de l'un des bâtiments concernés pour une "mise en conformité" des logements en la matière.

C'est une sorte d'épidémie. La liste des accidents impliquant des balcons ne cesse de s'allonger en France, ces derniers mois. Trois balcons à Nanterre en mars 2018. Puis un à Yvetot (Seine-Maritime), en Normandie, le 12 mai, à l'origine de l'hospitalisation de deux des trois jeunes qui étaient dessus.

 


 

Une pétition lancée par des locataires

 

Une pétition a d'ailleurs été lancée sur le site Change.org, par des résidents, demandant à leur entreprise sociale pour l'habitat (ESH) d'intervenir pour mettre en conformité les balcons de plusieurs logements. Elle avait recueilli plus de 2.000 suffrages, lundi 14 mai en fin d'après-midi.

 

Change.org pétition balcons
Change.org pétition balcons © Change.org

 

 

Un autre accident impliquant un balcon vient d'avoir lieu au Mureaux (Yvelines), qui n'a heureusement pas fait de victime.

 


 

Ces faits divers rappellent celui qui s'était déroulé à Angers, en octobre 2016, à l'origine de la mort de quatre personnes. Un rapport d'experts, révélé par Ouest France, avait pointé les responsabilités de l'entreprise de construction, de l'architecte et du bureau d'études impliqués. Autre sinistre du même genre : en février 2017, le balcon d'un pavillon de La Crèche (Deux-Sèvres) s'est effondré, blessant six jeunes.


Une mission de l'AQC sur la sécurité des balcons lancée d'ici la fin de l'année

 

Le Gouvernement s'est saisi du sujet à l'automne dernier, lorsque Jacques Mézard, ministre de la Cohésion des territoires, a signalé lors des questions au Gouvernement qu'une mission sur la sécurité des balcons allait être lancée, avec l'Agence qualité construction (AQC). D'après l'Association de certification des armatures béton (Afcab), interrogée par Batiactu, elle devrait être achevée d'ici à la fin de l'année 2018.

"On avait des problèmes de stagnation d'eau"

 

A la lecture du témoignage des personnes concernées par l'accident des Mureaux, l'infiltration des eaux de pluie semble avoir joué un rôle important. "J'ai écrit des dizaines de courriers à Foncia, car on avait des problèmes de stagnation d'eau", témoigne ainsi la locataire de l'appartement concerné dans Le Parisien. "Chaque matin, les jours de pluie, elle prenait un balai raclette pour évacuer manuellement l'eau qui se déversait sur le balcon", complète le quotidien. Le rapport d'experts, rédigé à la suite de l'accident d'Angers, pointait le défaut de qualité de la jointure entre les balcons et les dalles des planchers : "L'eau s'infiltre, les aciers sont corrodés".

 

 

"Introduire une obligation de certification des armatures du béton dans le projet de loi Elan", Afcab

 

"Cette nouvelle série d'accidents nous préoccupe et nous rappelle l'urgence de faire évoluer la réglementation", explique l'Association de certification des armatures béton (Afcab), contactée par Batiactu. "Les accidents liés aux chutes de balcons se multiplient en France ces derniers mois et ces dernières années mettant en cause des défauts de conception et des malfaçons en lien avec les armatures du béton. Nous savons que le ministère en charge du Logement s'est engagé à lancer une étude sur cet enjeu de sécurité majeur qui va au-delà des balcons et concerne la construction dans son ensemble. En effet, certaines armatures peuvent être l'objet de défauts de fabrication et être mal posées, ce qui peut être à l'origine d'accidents qui dans certains cas peuvent tourner aux drames humains. Or il existe en France des certifications délivrées par l'Afcab qui attestent de la qualité des armatures et de leur mise en œuvre.

 

L'Afcab a initié depuis plusieurs mois un dialogue élargi avec l'ensemble des parties prenantes pour faire progresser la sécurité des armatures.

 

Nous faisons aujourd'hui des propositions dans le cadre de l'examen du projet de loi Elan pour introduire une obligation de certification des armatures du béton et des entreprises mettant en œuvre ces armatures. La France est en effet en retard par rapport à certains de ses voisins européens qui ont déjà introduit une certification obligatoire. Nous attendons donc des pouvoirs publics qu'ils se saisissent au plus vite de cet enjeu de sécurité majeur."

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