La menace de faillite qui pèse sur Alstom, Pechiney passé sous la coupe d'Alcan, les retructurations qui se multiplient, comme chez le métallurgiste Eramet, illustrent les difficultés de l'industrie française en relançant le débat sur la désindustrialisation.

Le "mal" atteint tous les secteurs: après la sidérurgie et le textile, maillons faibles des années 1970-80, les constructions mécaniques et navales, la métallurgie, les télecoms, l'électronique etc. sont à leur tour frappés.

Des dizaines de milliers d'emplois sont en jeu. L'hémorragie s'accompagne par ailleurs du départ à l'étranger de sièges sociaux, de centres de décisions stratégiques et de laboratoires de recherche.

Depuis janvier, au moins 60.000 emplois ont été supprimés dans l'industrie en France, selon la CFDT. Nicole Fontaine, ministre de l'Industrie, a indiqué que l'industrie française a perdu plus d'un million d'emplois en vingt ans.
Depuis 2001, les emplois industriels perdus n'ont pas été compensés par des emplois nouveaux dans les services, selon l'INSEE.

Un éventuel effondrement d'Alstom, à la merci d'un veto de la Commission européenne au plan de renflouement du groupe parrainé par l'Etat, mettrait en péril l'emploi de 118.000 salariés, dont 23.000 en France et plusieurs milliers en Europe.

Le contrôle de Pechiney (aluminium, emballage) par son concurrent canadien Alcan, ne doit pas s'accompagner de licenciements dans l'immédiat. Mais, il signe la mainmise de ce rival, qui va se hisser au premier rang mondial des producteurs d'aluminium, sur la pépite du groupe français : sa technologie exclusive d'électrolyse d'aluminimum.

Jean-Pierre Chevènement, président du Mouvement républicain et citoyen (MRC), ancien ministre de l'Industrie, a estimé que "le tissu industriel français est menacé soit par les délocalisations soit par le rachat par le capital étranger". Il n'a pas hésité à parler de "colonisation de l'économie française par les multinationales".

Les avis divergent sur les causes de cette désindustrialisation et les solutions à lui apporter.
Les entreprises mettent en avant les "coûts exorbitants" du travail et les syndicats incriminent la "logique financière", qui pousse les patrons à exiger "toujours plus de profit".

Des regards désapprobateurs se tournent vers la Commission européenne, dont les "règlements rigides", selon Mme Fontaine, empêchent les Etats de voler au secours des groupes en difficulté ou interdisent des fusions qui pourraient les fortifier face à des concurrents américains (cas Schneider-Legrand).

La baisse des charges sociales pour soulager les entreprises, ne serait qu'un cautère sur une jambe de bois, plaident certains économistes. Ils préconisent un soutien public accru à la recherche pour combler le fossé creusé par les entreprises américaines dans l'innovation, nerf de la guerre industrielle.

actionclactionfp