Samedi 2 février, l'architecte Jacques Hondelatte - Grand prix national d'architecture en 1988 - est décédé brutalement d'un arrêt cardiaque à son domicile près de Bordeaux. Il était âgé de 59 ans.

" Il y a bien des façons d'être architecte. Pour les uns, l'essentiel est le savoir-construire, pour les autres, l'exploration de terres inconnues. Hondelatte est assurément de ces derniers ", écrivait Patrice Goulet, commissaire d'une exposition consacrée à l'architecte bordelais et organisée par l'association Arc en Rêve.

Assurément, né le 10 mai 1942 à L'Absie (Deux-Sèvres), Jacques Hondelatte se singularise dès ses études à l'Ecole des Beaux-Arts de Bordeaux, où il prend un malin plaisir à renverser les règles établies, rendant un détail d'exécution à la place de l'esquisse demandée dont il fait, ensuite la conclusion de son travail.

Plus favorable au concept et à l'outil informatique qu'au dessin, il présente en 1969 son diplôme d'architecte qui traite de la "Programmation informatique d'optimisation des mixages des types d'appartements dans l'habitation collective".

Avec les architectes Laurent Fagart et Jean-Claude Duprat, ils réalisent le bâtiment du Centre d'études techniques de l'Equipement (1972) ainsi que la maison Fargues, dont le grand toit posé à cheval sur un ancien chemin creux protège quatre boîtes jetées comme des dés.

Autre réalisation significative de son travail : la maison Artiguebieille qui articule, côté rue, un long mur noir de 27m de long et, côté jardin, une immense verrière. A l'intérieur, les espaces sont définis par des qualités (sombre, lumineux, vaste, étroit, chaud, humide, sonore...), plutôt que par des fonctions.

A partir de 1984, Jacques Hondelatte développe avec le groupe Epinard Bleu la notion d'"objets mythogènes" (générateurs de mythes) qu'illustrent les projets de la mairie de Léognan (1984), dont le parc est peuplé d'une constellation d'objets oniriques, de la station thermale de La Léchère (1985) et des logements collectifs à Mérignac (1985).

Dans les années 90, il réalise l'internat du lycée Gustave-Eiffel à Bordeaux, puis l'aménagement du centre-ville de Niort, parallèlement à plusieurs projets d'urbanisme ou d'équipements paysagers pour lesquels il utilise toujours l'outil informatique.

Enseignant à l'Ecole d'Architecture de Bordeaux, il était également architecte-conseil de la Ville de Grenoble. Une monographie de Patrice Goulet, intitulée "Des gratte-ciel dans la tête" (titre d'une exposition en 1998 à l'Institut Français d'Architecture) lui est actuellement consacrée, qui doit paraître prochainement aux Editions Norma.

Ses obsèques auront lieu mercredi 6 février à Saint-Romain-Virvée, près de Cubzac-les-ponts, en Gironde, à 14h30.

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