A l'occasion des 2ème Assises du Logement en Ile-de-France, les représentants de la région ont souligné que la construction de logements y est en panne. Ils estiment que la distribution des aides à la pierre bloque le processus de construction.

La région d'Ile-de-France (IdF) a réclamé d'urgence la décentralisation de la distribution des aides à la pierre pour développer la construction et réduire les tensions qui règnent sur le marché de l'habitat.

Selon les représentants, le système actuel est " en panne ", " à bout de souffle " et doit " être remanié d'urgence ". Ils ont souligné avec inquiétude qu'en 2002, " 32.000 nouveaux logements, seulement, sont sortis de terre en Ile-de-France, soit le plus mauvais score enregistré depuis 1975 ", date des premières statistiques en la matière.

Le besoin de renouvellement est estimé à 53.000 par an, comme l'a rappelé Jean-Luc Laurent, vice-président (UMP) de la région. Plus inquiétants, selon une étude réalisée par l'Institut d'aménagement et d'urbanisme de la région Ile-de-France (IAURIF), 300.000 demandes de HLM sont actuellement en souffrance.

Dans le même temps, cette étude indique que 12% des Franciliens s'avouent insatisfaits de leur logement et que 33% des ménages souhaitent déménager.

Aujourd'hui, la région se trouve en avant dernière place des régions en terme de mises en chantiers par rapport à la population. Avec trois logements pour 1.000 habitants, l'IdF est loin derrière la région PACA où l'on construit 5,2 logements pour 1.000, la région Rhône-Alpes avec 6,4 pour 1.000 et le Languedoc avec 8,2 pour 1.000.

C'est la première fois que le niveau de production de la région d'IdF passe sous celui de la région Rhône-Alpes, pourtant deux fois moins peuplée. En dix ans, la production est passée de 2m² de logement pour 1m² de bureau à un rapport de 1 pour 1.

Simplifier les processus

Dans ce contexte, la décentralisation des aides à la pierre est perçue comme une sortie de crise possible et une solution au risque de congestion. Actuellement, les aides de l'Etat, qui n'ont pas été incluse dans les lois de décentralisation de 1982, sont distribuées aux préfets de départements qui, selon les représentants de la région, n'ont pas une vision d'ensemble de la politique du logement.

Le décentralisation consisterait à répartir les aides au niveau des régions qui, elles-même, les distribueraient aux communes. Cela permettrait d'avoir une vision globale des besoins d'habitat, comme la construction, la réhabilitation, l'urbanisme ou le transport.

"Le transfert des aides à la pierre au profit des régions en matière de prises de décisions permettra de simplifier les processus et d'ajuster les aides aux situations locales pour renverser au plus vite la pénurie actuelle", a plaidé Jean-Paul Huchon, président de la région IdF. Déjà, en novembre, Gilles de Robien, ministre de l'Equipement et du Logement, s'était prononcé en faveur de la création d'un guichet unique.

En IdF, les aides à la pierre représentent 340 millions d'euros sur un total de 1,9 milliards de dotations distribuées pour l'ensemble de la France. Pour Jean-Luc Laurent, ces aides doivent " garder une dimension de solidarité nationale " et l'objectif n'est pas de les décentraliser, mais de décentraliser leur distribution.

Au cours de la journée, plusieurs intervenants se sont inquiété de voir les aides à la pierre être les grands oubliés du projet de réforme de l'Etat préparé par le gouvernement. Gilles de Robien, le 5 novembre dernier, avait affirmé que " les aides à la pierre seront décentralisées ".

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