L'architecte David Mangin, 55 ans, dont la modération lui vaut d'être désigné "coordonnateur" du projet de réaménagement des Halles, est un tenant de la ville conventionnelle et "passante".

Né à Paris en 1949, diplômé de l'Ecole d'Architecture de Paris-Belleville, il est pendant trois ans l'assistant d'Henri Ciriani (1978-1981) avant de militer pour des ateliers publics d'architecture et d'enseigner à l'Ecole d'Architecture de Versailles.

En 1983, il rejoint l'Agence SEURA, fondée par Alain Payeur, aux côtés de Florence Bougnoux et Jean-Marc Fritz. Au sein de cet atelier, il réalise les promenades du boulevard Richard Lenoir à Paris (11e), la rénovation de la gare Denfert-Rochereau (14e) et du marché des Enfants Rouges (3e).

La construction d'un immeuble de logements sociaux à Rosny vaut à cet intellectuel, qui s'inscrit contre toute forme de chaos venant à offenser la ville conventionnelle, de remporter le Palmarès de l'Architecture SCIC AMO, en 1995.

Selon l'architecte et critique Jean-Claude Garcias, "Mangin prend acte du fait que Paris, c'est le XIXe siècle, que cela plaise ou non. Ce n'est pas un morceau de Singapour, ou d'une ville qui imposerait une architecture en rupture avec ce qui existe".
"Plutôt que d'imposer une modernité «rotterdamienne» (allusion aux projets décoiffants des candidats néerlandais Rem Koolhaas et Winy Maas), Mangin met du baume sur les plaies des Halles, aménage un grand rectangle orthogonal comme le Palais Royal. Tout en sachant que ce projet est déterminé par les commerces, il comprend que les habitants sont attachés au jardin".


David Mangin, qui a également exercé ses talents à Lille (aménagement de la place des Buisses), Marseille (requalification de l'entrée de ville Nord), Bordeaux (rénovation du cours du Chapeau Rouge), enseigne à l'Ecole Nationale des Ponts et Chaussées, à l'Ecole d'Architecture de la Ville et des Territoires de Marne-la-Vallée et au Master of Urban Design de l'Université de Singapour.

Il est l'auteur de nombreux articles et ouvrages, dont le dernier, "La Ville franchisée" a été publié en mai 2004 (Ed. La Villette). "Ce qualificatif, dit-il, doit s'entendre dans le sens commercial des villes saisies par les logiques du marketing, mais aussi dans l'acceptation domaniale du terme, à savoir la privatisation progressive d'espaces toujours plus vastes".
Dénonçant ces environnements sécurisés, de moins en moins publics et gratuits, David Mangin défend le principe de la "ville passante et métisse" qui repose notamment sur l'idée d'une moindre dépendance automobile et d'une forte hétérogénéité des architectures.

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