Quarante ans après sa création par de Gaulle, la Délégation à l'aménagement du territoire et à l'action régionale est remise en cause par les politiques tandis que 79% des Français considèrent son action comme prioritaire.

Le débat est récurrent depuis les années 80, mais les nouvelles lois sur la décentralisation pourraient bien lui donner un nouveau souffle. La montée en puissance des régions, souhaitée par le gouvernement, doit conduire à en faire les " chefs de file " de l'aménagement du territoire, selon les propres termes de Jacques Chirac.

Créée le 14 février 1963 par Olivier Guichard sous l'impulsion de de Gaulle, et de George Pompidou, la Datar est " chargée de préparer et de coordonner les décisions gouvernementales en matière d'aménagement du territoire et d'action régionale ". Son budget de 330 millions d'euros lui permet de subventionner 6 commissariats de massifs de montagne, 9 commissariats régionaux de développement économique, 3 agences régionales de développement ainsi que de nombreuses associations.

Mais aujourd'hui, elle est jugée " inefficace " et " coupée du terrain " par les élus locaux. Son incapacité à limiter les plans sociaux, qui condamnent des régions entières, à empêcher la fermeture des agences de la Banque de France, de la Poste, mais aussi des hôpitaux, pèse sur le jugement des politiques à son égard.

Elu de Corrèze

Selon eux, cet anniversaire, qui coïncide avec les nouvelles lois de décentralisation, doit conduire le gouvernement à repréciser les attributions et les fonctions de cette délégation. Jean-Pierre Raffarin souhaite que le développement régional soit issu de la mise en place de " petites Europe ", des ensembles homogènes capables de se mobiliser de façon transnationale pour obtenir des crédits européens ou développer des réseaux de transports et de communications. Jacques Chirac penche vers les régions.

Le contexte ne joue pas en la faveur de la Délégation. Jacques Chirac ne l'aime pas. Déjà, en 1986, il avait voulu la supprimer. Sans doute se souvenait-il de l'époque où, jeune conseiller régional de la Corrèze, il devait lui quémander des subventions, lui demander l'aumône. Aujourd'hui encore, les élus locaux se plaignent de la " maigreur " des subventions que la Datar leur accorde et préfèrerait passer par le préfet ou le sénateur, par un politicien.

Car personne n'a oublié la faiblesse de la mise en œuvre du programme de couverture nationale des réseaux de téléphonie mobile, ou de l'Internet à haut débit. Personne ne se satisfait de l'emploi des crédits européens, les fonds structurels, qui doivent être consommés rapidement pour ne pas être supprimés. Enfin, personne ne comprend la lenteur de la prise de décision, et la Datar est taxée de technocratie coupée de la réalité du terrain.

Objectifs prioritaires

Mais les Français sont de plus en plus favorables à cette institution. Selon un sondage réalisé par Ipsos les 24 et 25 janvier derniers, 79% d'entre eux considèrent l'aménagement du territoire comme une priorité. Tel qu'il ressort de ce sondage, le niveau de notoriété de la Datar dépasse, selon son propre aveu, le résultat auquel elle s'attendait.

Il indique que les Français, à 68%, estiment que les collectivités locales doivent d'abord s'occuper de l'aménagement du territoire, ce qui est une progression de 11 points par rapport à 1997.

L'aide à la reconversion industrielle des régions en crise, le soutien économique et à l'emploi au niveau local et la protection de l'environnement figurent parmi les objectifs prioritaires les plus souvent cités en matière d'aménagement du territoire.

En revanche, le rôle de l'Europe est inconnu en la matière, 49% des sondés estimant que celle-ci finance de façon peu importante l'aménagement des régions françaises, et 36% craignent que l'arrivée de nouveaux pays membres n'entraîne une baisse des subventions.

Les inégalités territoriales sont ressenties très fortement. 76% des sondés considèrent que les différences de niveau de développement entre régions sont très ou plutôt importantes. Leur réduction passe en priorité par des infrastructures de transport et de communication (42%), la présence de services publics (38%) et le développement économique (35%).

Conscient de ces attentes, le premier directeur de la Datar, Olivier Guichard, considère pour sa part que la délégation doit certes voir ses missions précisées, mais surtout être placée sous la responsabilité du premier ministre, pour exercer une autorité sur tous les autres ministères.

actionclactionfp