INNOVATION. La société Wasterial, basée dans le Nord, transforme des déchets, parfois étonnants, en matière première et produits. Son fondateur, Espérance Fenzy, détaille les principes de son innovation.

Les déchets peuvent être vues comme des ressources. C'est comme cela qu'Espérance Fenzy les considère. Cet homme basé dans le Nord a bien compris les avantages de transformer des déchets en matériaux. Il en a même fait son gagne-pain. Avec son entreprise Wasterial, créée en 2017 à Lille, il récupère des déchets inertes, tels que des coquilles de noix, de moules, d'huitres mais aussi du marc de café, des briques, de la porcelaine ou des pare-brises, pour les transformer en poudre. Celle-ci deviendra ensuite une matière première ou des produits. "Notre métier est de prendre des déchets utiles, destinés à la décharge, et d'en faire des matières exploitables", explique Espérance Fenzy, joint par Batiactu.

 

L'homme connaît bien le secteur du BTP, après avoir travaillé comme ingénieur. Le déclic lui est venu lorsqu'il a découvert la masse de matériaux et produits jetés par la filière qui pourraient, au contraire, être valorisés. "Je me suis dit qu'il y avait quelque chose à faire de cela." Il consacre alors une année à rechercher une solution technique "et viable financièrement" pour réemployer les déchets. Aujourd'hui, deux tonnes sont recyclées chaque jour par son entreprise.

 

Wasterial déchet huitre réemploi
Les coquilles d'huitres sont revalorisées chez Wasterial. © Wasterial

 

Usine locale

 

Industriels, promoteurs, cabinets d'architecture, industriels et artisans… Le portefeuille de clients de Wasterial est vaste. Wasterial peut produire du carrelage, des bacs de douches, des vasques mais aussi des lampes et du mobilier urbain pour les collectivités. Un site pilote de transformation a ouvert à Tourcoing pour réaliser ces produits. "Nous avons le souci de fabriquer localement, en France, et de travailler avec des opérateurs d'insertion", souligne le fondateur.

 

À l'intérieur du bâtiment, une machine automatisée produit la matière prête à être coulée dans des moules. Elle est mélangée à du béton de déconstruction. "Nous utilisons des fines poussières de béton, entre zéro et quatre millimètres, qui deviennent de la boue lorsqu'elles sont mouillées. Ces poussières, contrairement aux fractions de quatre à trente-deux millimètres, sont très peu utilisées par le secteur." La composition des matériaux est issue à 75% minimum de matières recyclées, voire 100% sur des pots recyclés.

 

Wasterial site fabrication
Le site de fabrication de Wasterial. © Wasterial

 

Procédé chimique

 

Le déchet les plus compliqué à transformer ? "La coquille de moule de la braderie de Lille, encore pleine de crème quand on la récupère, qu'on utilise ensuite pour créer du carrelage. Plusieurs phases sont nécessaires : l'hygiénisation, le concassage, broyage, et criblage pour éliminer les impuretés." Les différents déchets sont ensuite assemblés pour atteindre la matière première voulue, avec des liants différents selon les matières créées.

 

Wasterial vasque réemploi
Wasterial produit par exemple des vasques. © Studio Benjamin Helle

 

Le créateur de Wasterial a inventé un système chimique qui permet d'éviter la cuisson de ses matériaux lorsqu'ils sont transformés. "Nos vasques et carrelage concurrencent la céramique et les briques, cuits à très haute température. Notre procédé chimique permet des transformations sans cuisson, une façon de baisser l'impact carbone de nos productions", affirme Espérance Fenzy. Aujourd'hui, il souhaite se concentrer sur la fabrication de matière première secondaire plutôt que de produits. Et son projet intéresse le secteur. En 2022, l'entrepreneur a réussi à lever 1,2 million d'euros auprès de Nord France Amorçage, Finorpa et IRD Invest, et compte désormais huit personnes dans son équipe.

 

 

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