Pour le ministre de la Culture, Jean-Jacques Aillagon, la marge de manoeuvre budgétaire de son ministère est "quasi-inexistante". Un constat qualifié de "préoccupant" et qui devrait conduire à "remettre à plat" l'ensemble des projets immobiliers du ministère, à commencer par le projet de Cité de l'Architecture et du Patrimoine.

Dès son arrivée rue de Valois, le nouveau ministre de la Culture a confié une mission d'audit au cabinet KPMG un audit destiné à définir ses "marges de manoeuvre" réelles. Si l'on se fie aux résultats de cette étude communiqués jeudi, c'est la paralysie financière qui guette le ministère.

Se défendant de mettre en cause la gestion de ses prédécesseurs, le ministre juge sa marge de manoeuvre "quasi inexistante". Pour le cabinet d'audit, cette situation s'explique notamment par le poids croissant des chantiers immobiliers lancés ces dernières années.

A partir de ce constat, le ministre s'est donné comme objectifs d'"évaluer, financer, gérer". Ainsi, dès cet été, son administration devrait commencer par "remettre à plat les projets immobiliers" qui devraient coûter quelque 512 millions d'euros entre 2003 et 2006.

"Renoncer à des projets, j'aimerais le faire le moins possible", a expliqué M. Aillagon, qui a expliqué qu'il ferait connaître ses décisions d'ici le 1er octobre.
Reste que plusieurs projets sont clairement sur la sellette, notamment celui d'une Maison du cinéma, celui de l'Institut national d'histoire de l'Art et surtout le projet de Cité de l'Architecture et du Patrimoine. " J'ai dit et je répète qu'à mes yeux la Cité de l'architecture et du patrimoine n'a pas trouvé sa cohérence et son sens. Je crois qu'il faut rénover, moderniser, mettre en valeur le musée des monuments français. Je crois qu'il faut un lieu où le public puisse se sensibiliser aux courants et aux enjeux de l'architecture de notre temps. Peut-on réunir les deux ? " s'interroge Jean-Jacques Aillagon.

En ce qui concerne le chantier du Grand Palais, en rénovation depuis des années, il a souhaité "débloquer" ce dossier en confiant la responsabilité de ce projet à Serge Louveau. Par ailleurs, un appel d'offres européen sera lancé en 2003 afin de déléguer à un opérateur privé l'exploitation de sa nef et de ses annexes.

Enfin, au sujet de la construction d'une grande salle de concert à Paris, promise par Jacques Chirac, le ministre est resté très vague. "J'y suis dans le principe favorable" mais " l'investissement et le fonctionnement seront cependant très lourds " explique-t-il en lançant un appel du pied à la ville de Paris et la région Ile-de-France.

Toujours au niveau de l'architecture, mais au niveau de la profession cette fois, le ministre ne s'est pas prononcé sur les chantiers en cours comme la réforme de la loi de 1977. Il a toutefois laissé entendre qu'une réflexion sur l'enseignement de l'architecture allait s'engager. Une piste : le ministre semble vouloir faire évoluer les relations avec les établissements publics en les contractualisant selon trois principes : autonomie, responsabilité et confiance. " On en a déjà parlé avant moi. Mais j'observe que sur 57 établissements publics, dont 20 écoles d'architectures, un seul contrat, avec le centre national de la dans, a aujourd'hui été signé. Je veux qu'on change de rythme, d'échelle, de méthode " déclare-t-il.

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