Après l'environnement et la santé, le CSTB - qui inaugurait mercredi 22 janvier un ensemble de laboratoires virtuels - axe ses recherches sur le bâtiment intelligent considérant que la demande est enfin au rendez-vous.

La domotique est morte, vive le bâtiment intelligent ! C'est en substance ce que l'on serait tenté de retenir de l'inauguration de la nouvelle génération de laboratoires virtuels SIMBAD du CSTB, mercredi 22 janvier à Champs-sur-Marne, en région parisienne.

Car si le terme "domotique" ne semble plus faire rêver que quelques nostalgiques qui furent des pionniers en leur temps, ce qu'il recouvre est en revanche porteur d'avenir pour le secteur de la construction. "Ce thème a certainement été développé trop tôt (ndlr : le Securiscan de Thomson, considérée comme la première application de domotique remonte à une dizaine d'année), notamment par rapport à la demande sociale" reconnaît Alain Maugard. "Mais aujourd'hui, il est pour nous une priorité pour les années à venir, comme ça a été le cas pour l'environnement et la santé" explique-t-il.

Pour ce passionné de prospective autant que de construction, l'histoire du bâtiment est avant tout celle de la conquête par l'homme des espaces dans lequel il vit. "Une des questions essentielle pour l'avenir du bâtiment sera de savoir ce qui va être de l'immobilier ou du mobile" explique-t-il. Et le président du CSTB d'illustrer ses propos par l'histoire de l'heure, d'abord intimement liée au bâti (les clochers), avant d'entrer dans la maison (les horloges) pour finalement terminer au poignet !

Cet exemple est particulièrement révélateur des possibles mutations que peut connaître le bâtiment. "Mais attention, prévient Alain Maugard, si l'on pense qu'avec la modernité, le logement va être plein de gadget, on risque de faire fausse route". Pour le président du CSTB - qui compte des sociologues parmi son équipe de chercheurs - rien ne se fera si la demande sociale n'est pas au rendez-vous.

Et cela ne devrait pas tarder ! A l'image de la climatisation qui a pénétré dans le bâtiment par les commerces et les bureaux pour arriver à la porte des logements, d'autres nouvelles applications liées à la sécurité et au confort se généralisent. Ventilation, régulation et gestion technique, fermetures, occultation, sécurité anti-intrusion, sans oublier les appareillages électriques, l'éclairage ou le chauffage... toutes ces fonctions et équipements techniques font l'objet de motorisations ou d'automatismes qui peuvent être reliés entre eux par un système de gestion technique du bâtiment (GTB).

La nouvelle génération de laboratoire virtuel du CSTB, appelé SIMBAD (SIMulateur de BAtiments et D'équipements) a pour objet de tester ces automatismes en les reliant à des bâtiments et à des installations techniques simulées. "SIMBAD est utilisé à la fois pour le développement de produits, leur évaluation et la démonstration en situation réelle de leurs performances" explique Jean-Christophe Visier, chef de la division automatismes et gestion de l'énergie au CSTB.

Pouvant être configuré pour décrire toutes sortes de bâtiments (maisons, écoles, bureaux...), ce laboratoire permet de représenter leurs installations de chauffage, de climatisation, de ventilation, d'eau chaude sanitaire, d'éclairage et de protections solaires. "En fait, nous cherchons à utiliser de l'énergie gratuite chaque fois que c'est possible" explique Mireille Jandon, une chercheuse du CSTB. "Ici, les applications se parlent pour offrir un confort à moindre coût" poursuit-t-elle.

Concrètement, les industriels et les maîtres d'ouvrages s'appuient sur ces simulateurs pour développer et évaluer des automatismes qui adaptent automatiquement le fonctionnement des systèmes de chauffage, de ventilation, de climatisation et d'éclairage aux besoins des occupants.

Au coeur de ce laboratoire , on trouve une bibliothèque de composants de génie climatique "SIMBAD Building and HVAC toobox®". "C'est la boîte à outil qui sert de base pour construire les différents simulateurs qui constituent SIMBAD" explique Jean-Christophe Visier.

Car SIMBAD est comprend plusieurs modules : un banc d'essai dédié au test de systèmes complets de gestion technique du bâtiment (SIMBAD GTB), un laboratoire virtuel dédié aux PME qui développent des produits innovants de régulation (QUALISIM), un banc d'essais permettant d'évaluer les performances des systèmes de régulation de chauffage et de climatisation selon les projets de normes européennes (SIMTEST) et enfin SIMTRAIN destiné à la formation des utilisateurs pour leur apprendre le fonctionnement de système de régulation et ses conséquences sur le confort et la consommation énergétique.

Tous ces simulateurs sont complétés par des tests terrains dans une salle d'expérimentation où fonctionnent des prototypes pilotant la climatisation, les protections solaires, l'éclairage développés en partenariat avec trois industriels (Siemens, Somfy et Legrand).

Mais comme le fait remarquer Rousbeh Rezakhanlou, chef du département Service, Energie et Espaces de vie d'EDF lors de la rencontre-débat qui a suivi l'inauguration du laboratoire, "il ne suffit pas de valider la conception et la fabrication des produits : il faut aussi s'assurer qu'ils ont été correctement mis en oeuvre". "A ce titre, nous estimons que le commissionnement - c'est-à-dire le travail de réception, de réglage et de vérification sur site des installations - devient de plus en plus fondamental" explique-t-il.
Même son de cloche chez les industriels. Pour Lionel Duchamp, directeur marketing chez Somfy, "le bénéfice retiré par l'utilisateur doit être non seulement bien réel et très concret, mais en plus il ne faut pas pénaliser les installateurs par des difficultés techniques ou des surcoûts inutiles".

Il faut donc que ces bâtiments intelligents soient au service des équipements techniques, et non l'inverse, comme cela a pu être parfois pratiqué - ou tout du moins ressenti - dans le passé. Les problèmes de micros HF qui ont ponctué les débats étaient d'ailleurs là pour nous rappeler les limites de la technique. Car pour la filière du bâtiment, la principale difficulté ne sera pas de maîtriser les technologies actuelles ou naissantes (IP, VDI...), mais bien de répondre aux besoins des utilisateurs.

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