ANALYSE. La période estivale n'a pas non plus été de tout repos pour les entreprises de la construction, dont les défaillances repartent nettement à la hausse sur un an. Les activités immobilières résistent bien mieux.

Les canicules successives de l'été 2022 ont aussi donné un coup de chaud aux chiffres des défaillances d'entreprises. Pour le mois de juillet, la Banque de France a comptabilisé un peu plus de 3.000 faillites tous secteurs d'activité confondus, une tendance similaire à ce qui s'observe depuis le début de l'année. Cumulées sur un an (entre août 2021 et juillet 2022), les procédures judiciaires s'élèvent à 34.653 dans toute l'économie tricolore, ce qui représente une chute de plus de 32% en comparaison au niveau de 2019, donc avant le début de la crise Covid.

 

 

"Les défaillances restent à un niveau encore faible par rapport au niveau pré-crise Covid 19, mais remontent désormais très progressivement relativement à 2021", analyse la Banque de France. Comme à chaque fois, l'institution financière insiste sur le fait que ces évolutions doivent être interprétées avec prudence, "puisque le nombre de défaillances y a été particulièrement faible du fait du ralentissement de l'activité des tribunaux de commerce, des mesures qui ont temporairement modifié les dates de caractérisation et de déclaration de l'état de cessation de paiements et, par la suite, des mesures de soutien en trésorerie permettant d'éviter cet état de cessation de paiements". Autrement dit, la politique du "quoi qu'il en coûte" a faussé la donne, qui est maintenant amenée à se rétablir.

 

Des chiffres "encore faibles" mais qui réaugmentent "très progressivement"

 

Si les chiffres sont donc encore globalement satisfaisants, malgré l'inquiétude qui commence à poindre, certains secteurs n'ont pas traversé une période estivale de tout repos. Bâtiment et travaux publics ont ainsi enregistré plus de 7.200 faillites en juillet, soit un bond de 24,4% en un an. Certes, ce chiffre reste inférieur de 35% au niveau de 2019, mais il poursuit sa hausse - 6.938 sociétés de construction avaient déjà mis la clé sous la porte en juin dernier.

 

Comme souvent, l'immobilier s'en sort mieux : le secteur n'a comptabilisé que 1.200 défaillances en juillet ; une baisse de 6,5% sur les 12 derniers mois. Là encore, l'écart avec le niveau de 2019 est pour le moins important (-26,5%), mais une très légère progression des procédures se constate malgré tout (1.183 entreprises de l'immobilier avaient déjà fait faillite en juin dernier).

 

Les micro-entrepreneurs très exposés

 

 

Les statistiques de la Banque de France indiquent aussi le détail par tailles d'entreprises. Les très petites, petites et moyennes entreprises (TPE-PME) constituent une part écrasante de l'économie française, et donc en l'occurrence des défaillances : en juillet, 34.630 ont cessé leur activité ; une forte augmentation de 23,2% en comparaison à la même période, un an auparavant. Parmi elles, on dénombre pas moins de 32.394 micro-entreprises ou sociétés à "taille indéterminée", qui accusent pour leur part une progression de 22,2%.

 

Les faillites ont en revanche nettement diminué pour les entreprises de taille intermédiaire (ETI) et les grands groupes : 23 d'entre eux ont fait l'objet d'une procédure, quasiment 40% de moins que 12 mois avant. Petites comme grandes entreprises, les chiffres de juillet 2022 restent dans les deux cas inférieurs à leur niveau de 2019, avec respectivement -32,3% et -4,2%. Reste à voir de quelle manière la situation va se rééquilibrer, après plus de deux années à la conjoncture pour le moins particulière.

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