Déjà équipée de 30 éoliennes, la Corse ne compte pas s'en arrêter là. La région s'est donnée pour objectif d'assurer à l'avenir 40% de sa production d'électricité contre 30% actuellement grâce aux énergies renouvelables.

Pour cela, 26 nouvelles éoliennes doivent être installée d'ici la fin de l'année, et ce, malgré les critiques d'écologistes.
"Cela défigure le paysage", déclare Michèle Salotti de l'association de défense de l'environnement U Levante qui proteste contre leur éparpillement. L'association qui compte quelque 300 membres dans toute l'île, est pourtant favorable aux éoliennes, mais réclame leur regroupement dans "un grand champ d'éoliennes", sur le plateau continental en mer, au large d'Aleria.

"Il faut arrêter de croire qu'on va couvrir tout le territoire de la Corse avec des éoliennes", tempère Michel Zonenberg, directeur de l'Agence de développement économique de la Corse (ADEC), l'un des services techniques de la Collectivité territoriale de Corse (CTC).
Sur les 26 prévues en 2005 en Haute-Corse, seize seront implantées dans la plaine orientale, huit à Murato et deux à Soveria, dit-il.

Vingt sont déjà en place dans le Cap Corse et dix en Balagne avec une capacité de production de 18 MW. "Avec les 26 supplémentaires, celle-ci sera portée à 55 MW, l'objectif étant de passer à 100 MW avec encore trois ou quatre autres projets", poursuit M. Zonenberg.

Actuellement, selon EDF, 50% de l'électricité consommée dans l'île est produite par deux centrales thermiques (290 MW) qui arriveront en fin de parcours en 2012.

La Corse doit donc trouver des solutions de remplacement, d'autant que ces centrales sont très souvent décriées dans l'île pour la pollution qu'elles engendrent. Celle du Vazzio, près d'Ajaccio, est "l'établissement industriel le plus polluant de France" pour les rejets de dioxyde d'azote, affirme Mme Salotti.

En juillet 2001, la CTC a adopté un plan énergétique à moyen terme (2012), prévoyant notamment l'approvisionnement en électricité en Sardaigne (Italie) grâce à l'installation prochaine d'un câble à courant alternatif d'une puissance de 50 MW reliant les deux îles. Mais surtout, elle a relevé le pari du développement des énergies renouvelables avec d'une part les éoliennes et d'autre part, la future construction d'un barrage hydraulique sur le Rizzanese dans la région de Sartène.

"On ne veut plus de centrales polluantes. On ne veut pas du câble Sardaigne-Corse qui détruit les emplois sur l'île, puisque l'électricité vient d'ailleurs. Les micro-centrales hydrauliques, ça ne suffit pas. Alors les éoliennes, ce n'est pas la panacée, mais ça peut apporter un plus", estime pour sa part Jacky Linale, maire de Pieve, un village d'une centaine d'habitants en Haute-Corse.

Sur des terrains au-dessus du village, derrière une crète, M. Linale verrait bien un parc de "5-6 éoliennes maximum", qui permettrait à sa commune, grâce à la taxe professionnelle, de créer une station d'épuration ou de refaire son réseau d'égoûts.

Alors que dans le Cap Corse, les éoliennes ont été installées trop près des villages "produisant un ronronnement un peu sourd", selon M. Linale, "à Pieve, on ne les verra pas", assure le maire qui escompte qu'il "n'y aura pas trop d'opposition" des villageois.

Pour Michel Zonenberg, "on veut éviter désormais l'absence de concertation qui a présidé à l'implantation des éoliennes, à la fin des années 90, dans le Cap Corse, le contre-exemple de l'intégration" dans le paysage, reconnaît-il.

La CTC a depuis voté une "charte de la concertation éolienne". Ainsi, face à une levée de boucliers de riverains et d'élus, un projet d'implantation à Ville-di-Pietrabugno, près de Bastia, a récemment été abandonné.

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