AVANCÉE. Les architectes ont été entendus par le cabinet du ministère du Logement, suite à la publication des conclusions du rapport Sichel. C'est ce que nous révèle le président du Conseil national de l'ordre des architectes (Cnoa), Denis Dessus.

Les architectes sont rassurés. Le cabinet de la ministre du Logement, Emmanuelle Wargon, a reçu le président du Conseil national de l'ordre des architectes (Cnoa), Denis Dessus, et le président de l'Unsfa, principal syndicat d'architectes, Jean-Michel Woulkoff. C'est ce que confirme à Batiactu Denis Dessus. "Nous avons rencontré le cabinet de la ministre Emmanuelle Wargon. Cette réunion faisait suite aux réactions du Cnoa et de l'Unsfa, reprises dans la presse, au rapport Sichel. Nous avons regretté une nouvelle fois le fait que les architectes, acteurs essentiels de la rénovation, n'aient pas été consultés, ce qui expliquait peut-être certaines carences du rapport. Il a bien été convenu que les architectes sont des accompagnateurs de la rénovation qui cochaient toutes les cases, compétences, garantie assurantielle, éthique et indépendance des intérêts des entreprises et des industriels. Nous avons donc décidé de nous revoir avec les services du ministère de l'Écologie pour que ces professionnels soient bien intégrés de droit dans le processus, comme ils le sont dans Faire."

 

Une pétition contre le rapport

 

Cette rencontre fait suite aux inquiétudes, nombreuses, de la part des architectes, sur les conclusions du rapport Sichel sur la rénovation énergétique, qui ont été reprises dans le projet de loi climat et résilience. Une pétition a même été mise en ligne le 7 avril contre le rapport Sichel, par le conseil régional de l'ordre des architectes (Croa) d'Occitanie, plusieurs syndicats et associations, sous le collectif architectes Occitanie, dans le cadre des discussions autour du projet de loi climat et résilience.

 

Disponible sur le site Change.org, la pétition demande au Premier ministre Jean Castex que "toute rénovation énergétique se fasse sous la maîtrise d'œuvre d'un architecte et que la mission soit éligible aux aides dédiées". Les architectes se sont demandés si "l'État aurait oublié [leur] existence".

 

Les architectes évincés

 

Les signataires se disent "consternés de constater que le ministère du Logement ignore encore une fois l'existence des architectes. […] L'État semble découvrir que pour réussir des travaux de construction ou de rénovation, il faut confier l'opération à un professionnel qualifié et spécialisé. Vous le saviez déjà, tout le monde le sait. Mais pas les pouvoirs publics !".

 

"Nous reprochons au gouvernement de ne pas avoir consulté les architectes, ni les avoir invités à participer à l'élaboration de ce rapport", atteste auprès de Batiactu Christian Combes, président du Croa Occitanie et co-porteur de la pétition. "Pourquoi les architectes n'ont-ils pas été associés à cette réflexion ?", a-t-il demandé, se disant "soulagé" d'apprendre que le Cnoa et l'Unsfa ont été reçus par le gouvernement.

 

"Un métier qui existe déjà"

 

L'un des points qui étaient reprochés à ce rapport est la création d'un rôle d'accompagnateur, appelé "mon accompagnateur rénov". Il aidera à dresser des plans, proposer aux clients des artisans au meilleur rapport qualité-prix et suivre les travaux en veillant à ce que tout se passe au mieux.

 

Ce nouveau métier "existe déjà, et c'est l'architecte", a déclaré récemment Denis Dessus. "Le gouvernement réinvente des métiers, ce qui prête à confusion pour les professionnels déjà présents, notamment les architectes ", assure dans une interview pour Batiactu Thierry Lamort, président de l'Union syndicale des architectes du Languedoc-Roussillon (USALR), co-porteur de la pétition et membre du collectif architectes Occitanie.

 

"3.500 architectes ont pu être formés à la rénovation, grâce au dispositif Faire initié par l'Ademe", ajoute Christian Combes. "Ces professionnels qualifiés possèdent une vision globale de la rénovation, du changement d'une chaudière aux notions de confort et d'esthétique du bâtiment."

 

"Une méconnaissance de la profession"

 

"Celui qui a édité le rapport a une méconnaissance de la profession et il ne pense pas à se rapprocher des professionnels. Nous marchons sur la tête ! L'accompagnateur est une notion floue, c'est un nom générique et non un métier. Les architectes sont capables de répondre à ces demandes de rénovation", poursuit le président de l'USALR. "Le signataire de ce rapport est directeur général délégué de la Caisse des dépôts, il connaît le monde du bâtiment, mais apparemment pas assez. Les professionnels du bâtiment ne sont jamais interpellés par le gouvernement."

 

Christian Combes, lui, craint que les moyens économiques déployés soient inutiles dans la durée. "Un particulier qui va investir dans une rénovation énergétique ne débloquera pas de nouveau des moyens dans trois ans. J'ai peur que nous séchions le potentiel de moyens économiques à mobiliser. Si on rate ce qu'on peut faire de mieux, le bâtiment risque de mal fonctionner pendant encore vingt ans. Il ne faut pas confondre urgence et précipitation."

 

"Être intégrés au projet de loi"

 

La pétition rappelle que la profession d'architectes est "réglementée, sous tutelle de l'État lui-même" et compte 30.000 professionnels répartis sur tout le territoire. Le président de l'USALR regrette de ne voir citer le nom de la profession d'architecte "qu'une ou deux fois seulement dans ce rapport". "Les architectes se sont positionnés depuis longtemps dans le secteur de la rénovation", affirme-t-il.

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