Lundi 4 mars 2002, après près d'un mois de grève, la situation était encore extrêmement confuse dans la plupart des usines du groupe. Les grèvistes exigent que la direction "respecte une décision de la cour de cassation rendue le 7 décembre 1999" qui obligerait l'industriel à appliquer rétroactivement l'ordonnance de 1982 sur le travail posté. La facture pourrait être considérable.

Neuf usines sur dix pour la CGT Construction, sept sur dix pour la direction du groupe... une chose est sûre, après quelque 25 jours de grève, la situation est encore afin très confuse chez Calcia. Une réunion entre les grévistes et la direction - prévue initialement le 8 mars - pourrait toutefois avoir lieu mercredi 6 mars indique-t-on à la CGT Construction. La direction aurait l'intention de "présenter des solutions temporaires envisageables".

En grève depuis le 6 février, les salariés de Calcia exigent que la direction "respecte une décision de la cour de cassation concernant Lafarge rendue le 7 décembre 1999" indique Jacques Vallet en charge de cette affaire à la CGT Construction.

Cet arrêt, confirmé par la suite par deux autres arrêts, stipule que les salariés postés, travaillant en 3x8, sont fondés à demander le rappel des heures supplémentaires exécutées au-delà de 35 heures en moyenne ainsi que les repos compensateurs.

La direction de Calcia indique le personnel " posté " travaillait alternativement en équipes et " de jour " et qu'en conséquence, la durée hebdomadaire moyenne du travail qui pouvait leur être demandée restait fixée à 39 heures (jusqu'à la promulgation de la loi Aubry I relative aux 35 heures applicable au plus tard à la société Calcia le 1er janvier 2000). Chez Calcia, 400 personnes sur les 1.500 salariés sont concernés.

Les négociations avaient pourtant débutées sur de relatives bonnes bases. Le 5 février, un accord prévoyaient même un montant maximal de 110.000 F net (position de la CGT) et de 110.00 F bruts (position de la direction) assortie d'une possibilité de transformer les sommes dues en repos et de prévoir un calendrier de remboursement. Restait simplement à définir ce calendrier.

Afin de faire pression sur la direction pour que l'accord aboutisse, la CGT a lancé un mot d'ordre de grève pour le mardi 6 février. La réaction de la direction ne s'est pas fait attendre et M. Dommange, directeur général de Calcia a suspendu les négociations.

A partir de là, la situation s'est envenimée et la grève a gagné la quasi-totalité des sites de production. Le mouvement touche les usines de Bussac (Gironde), Beaucaire (Gard), Cruas (Ardèche), Couvrot (Marne), Guerville et Gargenville (Yvelines), Ranville (Calvados), Rombas (Moselle) et Beffes (Cher).

Lundi 4 mars, la direction indiquait dans un communiqué " qu'à ce jour, environ une centaine de salariés postés au total (soit mois de 10% des effectifs des cimenteries) bloquent toujours la situation ". " Les autres catégories de personnel et les quatre autres organisations syndicales (CFDT, CFE-CGC, CFTC et FO) n'ont pas souhaité se joindre au mouvement " indique le communiqué qui précise qu'en moyenne, 50% des ateliers de production de ciment fonctionnent.

Par ailleurs, la direction critique "l'attitude de surenchère permanente de la CGT (qui) ne pouvait permettre une poursuite des négociations". Elle indique "préférer s'en remettre aux modalités d'application de l'ordonnance de 1982 devant être précisées par la cour de cassation dans une affaire similaire (ndlr Lafarge)".

L'issue de cette affaire sera déterminante pour bon nombre d'industriels et de salariés de l'industrie de la construction, car les sommes en jeu sont considérables. La CGT indique d'ailleurs que cette grève est soutenue par " les salariés des autres cimentiers français et belges (Lafarge et Holcim notamment) qui ne chargent pas les camions destinés aux clients de Calcia ".

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