Après la chute d'un élément de la verrière de la gare TGV-RER de Roissy 2 conçue par l'architecte Peter Rice, les suppositions vont bon train. Le point sur les causes supposées de l'incident et les réflexions menées.

" L'enquête suit son cours ", atteste Bruno Mazurkiewicz, chef du service gérance technique bâtiment et équipement aux Aéroports de Paris (ADP). Dans la soirée du 8 mai, un élément verrier de la gare TGV et RER de Roissy 2 a chuté sur une estacade, autrement dit une plate-forme située à 3,50 m de hauteur au-dessus des voies, dans la partie dédiée au RER.
Le vitrage brisé - glaces claires trempées monolitiques de 8 mm d'épaisseur, sérigraphiées à chaud en face intérieure - représentait une surface approximative de 1,59 m X 1,48 m sur une gigantesque verrière de 24 000 m2. Inaugurée en 1994 et considérée comme la plus grande d'Europe, elle est l'oeuvre de Peter Rice, architecte mondialement connu.
Malvaillance ?

À la demande du personnel de la SNCF, l'activité de la gare RER a été suspendue en attendant que des mesures soient prises. Dans un premier temps, des filets de protection ont été installés de sorte que le trafic puisse reprendre.
ADP mène une enquête pour déterminer avec précision les raisons de la chute de l'élément verrier. Bruno Mazurkiewicz des ADP, qui rappelle que : " Les causes probables des précédents incidents sur la verrière ont toujours été liées à des actes de vandalisme ", envisage cette fois encore la thèse de l'acte de malveillance. ADP a d'ores et déjà porté plainte. Ailleurs, des voix s'élèvent pour mettre en cause la construction, les vibrations liées au passage des trains, les changements de température, le déplacement de la charpente... Certains préconisent le remplacement pur et simple des plaques de verre feuilleté pas du verre feuilleté-trempé.

Renforcer la sécurité

Interrogé sur le sujet, Bernard Vaudeville, l'un des ingénieurs de RFR, bureau d'études ayant conçu le bâtiment, affirme - arguments à l'appui - que " ni la structure, ni la mise en oeuvre du vitrage, ni la conception, ni la taille du bâtiment, ni les conditions climatiques, ni les vibrations liées aux trains ne sont responsables de l'incident." Selon lui, deux hypothèses priment : un acte de vandalisme ou le jet d'un projectile (débris projeté par un réacteur par exemple). " Il n'y a à priori pas de raison structurelle à cet incident. La charpente est robuste, la conception saine et le verre ne connaît pas de phénomène d'usure ", explique-t-il.
Les réflexions actuelles engagées par ADP pour mettre en place une solution plus pérenne s'inscrivent dans le cadre plus large d'une étude globale et déjà en cours au moment de l'incident. Sécurité et intégration du schéma architectural en sont les maîtres-mots. En effet, si les éléments de la verrière correspondaient aux normes de sécurité au moment de sa construction, ces dernières ont évolué. ADP, ne pouvant envisager le changement de tous les éléments verriers, compte mettre en place un système destiné à retenir d'éventuelles chutes de morceaux de verre. La société RFR a d'ailleurs été consultée à titre de conseils. En attendant que ces réflexions aboutissent, les experts d'ADP planchent pour faire la transparence sur cette affaire...

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