Le groupe de BTP Vinci assigne en référé, ce mercredi 3 juin l'association Sherpa, après les accusations de "travail forcé" et de "réduction en servitude" au préjudice de migrants sur les chantiers au Qatar liés à l'organisation du Mondial 2022. Précisions.

Alors que l'association Sherpa avait déposé plainte, en mars dernier, contre Vinci Construction Grands Projets pour "travail forcé" et "réduction en servitude" dans le cadre des chantiers liés à l'organisation du Mondial 2022 de football, au Qatar, le groupe de BTP Vinci assigne ce mercredi 3 juin, l'ONG en référé (Ndlr : procédure d'urgence).

 

"Vinci est victime d'accusations mensongères"

"L'association Sherpa ne s'est pas contentée d'évoquer des éléments de fait qui l'ont conduite à déposer une plainte pénale mais a laissé entendre que la culpabilité des sociétés du groupe Vinci ne faisait pas de doute", indique l'assignation consultée par l'AFP. Autre reproche formulé contre Sherpa : avoir voulu susciter de l'agitation médiatique au moment où est examinée à l'Assemblée nationale une loi sur le "devoir de vigilance" écologique et sociale des multinationales, un "outil de pression sur la représentation nationale à travers l'opinion publique".

 

"Cette ONG a pris pour cible Vinci pour promouvoir une proposition de loi et se faire de la publicité. Vinci est victime d'accusations mensongères", a ajouté à l'AFP l'avocat du géant du BTP, Me Jean-Pierre Versini-Campinchi.

 

 

Pour rappel, le parquet de Nanterre avait ouvert une enquête préliminaire après la plainte de Sherpa contre Vinci et sa filiale qatarie QDVC, déposée fin mars. Plusieurs auditions seront menées en France, avait expliqué la procureure des Hauts-de-Seine, Catherine Denis, samedi 25 avril, dans l'optique de "vérifier les allégations" de l'association Sherpa, qui accuse notamment Vinci Construction Grands Projets (VCGP) de recourir au travail forcé de travailleurs migrants sur ses chantiers au Qatar. Les sites visés concernent notamment le projet de tramway de Lusail, du métro de Doha et celui du tronçon d'autoroute de 47 km, la New orbital Highway.

Vers des investigations au Qatar après l'été ?

Une information judiciaire, qui conduirait à mener des investigations au Qatar, pourrait être ouverte "après l'été" en fonction des résultats de cette enquête, avait-t-elle ajouté. Par ailleurs, les enquêtes réalisées sur place par l'ONG "concluent à l'utilisation" par Vinci Construction et sa filiale qatarie QDVC "de menaces diverses pour contraindre une population vulnérable à des conditions de travail et d'hébergement indignes et à une rémunération dérisoire." Justement, Marie-Laure Guislain, responsable du contentieux au pôle Globalisation et Droits humains de l'association Sherpa nous précisait en mars dernier que "les passeports sont confisqués par l'entreprise et les travailleurs subissent des menaces s'ils revendiquent leur droit à de meilleures conditions de travail ou de logement, s'ils désirent démissionner ou changer d'employeur."

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