A Moscou, on ne cherche plus les victimes dans les décombres du centre aquatique Transvaal Park, mais les coupables. Les regards se tournent vers l'architecte Sergey Kisselev et l’entreprise turque de BTP Koçak Insaat qui ont construit le bâtiment.

Les recherches ont été interrompues lundi dans les décombres du centre aquatique Transvaal Park à Moscou dont l'effondrement samedi a causé la mort et la disparition d'une quarantaine de personnes alors que la presse s'interrogeait sur les causes de la tragédie craignant qu'aucun responsable ne soit désigné.

Entre neuf et treize corps de disparus peuvent se trouver encore sous les décombres, a déclaré le maire de Moscou Iouri Loujkov cité par l’AFP. Si cette estimation se confirmait, le bilan total de l'accident (actuellement entre 25 et 28 morts selon les sources) approcherait la quarantaine de morts.

"Cet accident affreux nécessite une enquête minutieuse. Les coupables doivent être punis", a déclaré président russe Vladimir Poutine alors que la presse estimait que l'affaire touchant les plus hauts responsables de la mairie serait étouffée et que les enquêteurs trouveraient un "bouc émissaire".

La commission d'enquête mise en place par le Gosstroï (le comité d'Etat chargé de la construction) et la mairie de Moscou devait procéder à des expertises techniques.
"Les premiers résultats de l'enquête sur les causes de l'écroulement du toit seront connus d'ici la fin de la semaine", a déclaré Nikolaï Kochman, président du Gosstroï, lors d'une conférence de presse.
Le comité a également affirmé que "tous les toits de forme complexe" à Moscou font actuellement l'objet de vérifications.

Reste que le problème majeur en Russie est la corruption. "La corruption fleurit sur tous les chantiers de Moscou que ce soit pour l'obtention de licences ou le changement d'une marque de béton pour une autre, moins chère", dénonçait Alexeï Klimenko, membre du conseil des experts auprès de la mairie de Moscou cité par le quotidien Izvestia.
"L'expertise va le montrer, si l'on nous dit la vérité sur ses résultats", a poursuivi l'expert.

"C'est la faute des autorités de Moscou", n'hésite pas à accuser de son côté le quotidien Vremia Novosteï
Le maire de Moscou, que l'on dit souvent "bâtisseur", est aussi souvent accusé d'avoir créé un système d'entreprises de bâtiment "privilégiées", dont le corollaire sont le vol, la corruption et la mauvaise qualité des travaux.
"Tout le monde sait qu'aucun projet à Moscou ne peut être construit sans accord de hauts responsables de la mairie et des structures qu'ils contrôlent", peut-on lire dans la presse.

Les quotidiens Vedomosti et Kommersant assuraient même lundi que le centre aquatique était contrôlé par la compagnie Inteko, appartenant à l'épouse de M. Loujkov, Elena Batourina, ce que celle-ci a démenti.

Pour l'instant, le comité d'Etat chargé de la construction (Gosstroï) a suspendu la licence de la société turque Koçak Insaat qui a bâti le centre, arrêtant également les chantiers du groupe à Khanty-Mansiïsk (nord Oural), Omsk (Sibérie), Kazan et Samara (Volga), selon M. Kochman, de même que la licence du cabinet d'architecte "Kisselev et associés".

La major turque a réagit aussitôt et a assuré lundi avoir "rempli minutieusement ses obligations professionnelles". "A toutes les étapes de la construction, les ingénieurs, les techniciens de la compagnie, les services de surveillance et le cabinet d'architecte, l'un des plus respectés à Moscou, ont rempli minutieusement leurs obligations professionnelles", selon un communiqué de la société cité par la radio Echo de Moscou.

Précisons que Koçak Insaat travaille depuis plus de dix ans sur le marché russe. Le groupe a notamment construit le bâtiment de NBR (banque nationale de réserve), l'hôtel Eridan-2 à Moscou, le Palais de glace et des foyers universitaires à Khanty-Mansiïsk et un centre commercial à Samara.

A l’avenir, le comité d'Etat chargé de la construction devrait "durcir les conditions" pour l'obtention des licences et le contrôle sur les sociétés de construction.

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