Le tribunal administratif de Nice a jugé illégale une délibération de novembre 2004 du conseil municipal de Cannes. Cette dernière attribuait la réalisation de travaux d'extension du palais des festivals au groupement d'architectes Scau alors que le cabinet Vezzoni avait remporté l’appel d’offres.

Ne pouvant pas remettre les lieux en état puisqu’une partie des travaux a été réalisée, la ville de Cannes est contrainte de réclamer à Scau, dont le mandataire est l'architecte Aymeric Zublena, les sommes qu'elle lui a versées, indique le délibéré du tribunal, en date du 29 juin.

Pour la municipalité, qui n'envisage pas de faire appel, « c'est un non-événement ». Thierry Migoule, directeur général adjoint des services, a ainsi souligné que « Zublena a réalisé les travaux, il a été payé pour ça, nous établirons à l'automne un protocole pour que cette rémunération apparaisse dans un cadre régulier ».
Rappelons que le cabinet Vezzoni était arrivé premier, par 12 voix sur 14, de l’appel d'offres lancé début 2004 par la ville de Cannes. Le projet visait à construire une extension au palais des festivals, comprenant notamment une salle de 3.000 places, une gare routière et le réaménagement du bâtiment annexe appelé Riviera. Le cabinet Vezzoni avait été écarté au profit de son concurrent dans des conditions que le tribunal a jugées irrégulières et illégales.
Le projet du groupement d’architectes Scau ne comptait cependant pas la salle de 3.000 places prévue par l'appel d'offres et dépassait de plus de 50% le budget prévisionnel de 27,4 millions d'euros, avec une offre à 43,25 millions d’euros.
Finalement, Scau n'a réalisé que les travaux de réaménagement du Riviera pour un montant final d'environ 11 millions. Cannes a en effet abandonné le reste du projet qui s'est révélé encore plus onéreux que prévu.
« C'est la démonstration qu'une ville ne peut pas faire ce qu'elle veut » et « repêcher un candidat ne respectant pas les règles », s'est réjoui l'avocat de Vezzoni, Maître Eric Lauzarone. Corinne Vezzoni et son associé Pascal Laporte envisagent ainsi d'intenter un procès en indemnisation à la ville de Cannes pour les préjudices financier et moral subis. Ils ont expliqué que leur « démarche était avant tout d'ordre symbolique » pour la profession.
André Jolivet, président du conseil de l'ordre des architectes de la région Provence-Alpes-Côte d'Azur, s'est pour sa part joint à leur action pour protester « contre les manquements aux règles de transparence et au principe d'égalité ».
La ville de Cannes continue quant à elle de travailler sur un projet d'extension du palais des festivals, dont les modalités restent à définir, en remplacement du chantier souterrain abandonné.

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