Un rapport du sénateur Yann Gaillard pointe des dérives importantes dans le budget de la Philharmonie de Paris, actuellement en chantier dans le 19e arrondissement : de 219 M€, la facture devrait finalement passer à 386 M€ pour la construction et l'entretien du bâtiment pendant 15 ans. Malgré cette explosion des coûts, la ministre de la Culture assure que le projet sera mené à terme.

Alors que le gros œuvre est sorti de terre, le chantier de la Philharmonie - oeuvre de Jean Nouvel - doit se poursuivre. « Il ne saurait être question de laisser partir à vau-l'eau un projet extrêmement important et structurant pour la filière musicale, pour l'affirmation de la place de Paris comme un grand lieu symphonique », a donc déclaré Aurélie Filipetti, ministre de la Culture, interrogée par une commission élargie de l'Assemblée nationale sur le budget 2013 de son ministère.

 

Car un rapport, présenté le 17 octobre 2012 par le sénateur Yann Gaillard (UMP), souligne une « dérive préoccupante » des coûts de l'opération. Les premières estimations, au moment de l'annonce du projet de la construction sous l'impulsion de Jacques Chirac, chiffraient l'équipement à environ 173 M€. « Un coût initial sous-estimé », relate le document sénatorial. Au mois de janvier 2009, le budget arrêté pour l'offre atteint déjà les 276 M€. Du fait de vicissitudes survenues dans les phases d'étude et dans le processus d'instruction du permis de construire, le projet prend du retard : environ deux années. Car si l'ouverture était initialement prévue pour le mois de septembre 2012, il est aujourd'hui estimé que la Philharmonie de Paris ne sera prête qu'au dernier trimestre 2014…

 

Un surcoût de 50 M€ qui sera assumé
En octobre 2011, le budget, entretien compris sur 15 ans, est évalué à 336,5 M€ tandis que la dernière actualisation le situe désormais à 386,5 M€. La ministre de la Culture concède : « Il y a un surcoût, qui est effectivement de 50 M€, qui sera assumé à parité par l'Etat et par la Ville de Paris ». Rappelons que l'Etat doit financer le projet à hauteur de 45 %, à égalité avec la ville et que les 10 % restant, soit 20 M€, seront apportés par la région Île-de-France.

 

Le rapport du sénateur Yann Gaillard s'interroge sur la pertinence du projet et sur son dimensionnement : « Fallait-il voir si grand ? La question se pose, compte tenu notamment de la présence mitoyenne de la Cité de la Musique » à La Villette. Et au-delà de la construction du nouvel auditorium, désormais inéluctable compte tenu de l'avancement du chantier, le rapporteur s'interroge également sur la reconfiguration de l'offre musicale à Paris, sur la gouvernance et sur l'équilibre économique de la Philharmonie en rythme de croisière. Pour l'heure, le fonctionnement de la salle représenterait environ 9 M€ pour l'Etat (un peu plus que pour la salle Pleyel) et autant pour la ville. Les recettes propres devront se monter à 15 M€ dont 9 M€ de billetterie et 6 M€ de mécénat a prévenu la ministre qui conclut : « Il est important que ce projet soit un succès car il porte une ambition très forte en matière d'éducation artistique et culturelle. (…) Cette ouverture sur l'Est de Paris et sur la banlieue parisienne est un précieux atout dans notre politique en faveur de la démocratisation de l'accès à la musique classique ».

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