PLF 2024. Le collectif Ensa en lutte estime que l'augmentation affichée par le ministère de la Culture en direction des Ecoles nationales d'architecture est "infime" et "loin de rattraper les carences" constatées.

"Nous ne sommes pas dupes, ce ne sont que mirages". Le collectif Ensa en lutte, qui s'est constitué pour structurer un mouvement de mécontentement qui s'est embrasé à l'Ecole nationale supérieure d'architecture (Ensa) de Rouen en janvier dernier, et s'est propagé, en quelques semaines, à la quasi-totalité des 20 Ecoles du pays, a accueilli fraîchement l'annonce des montant inscrits au projet de budget pour 2024, en discussion au Parlement.

 

Les 4,8 millions d'euros supplémentaires pour le fonctionnement, qu'avance le ministère de la Culture, qui est chargé des Ensa, "sont absorbés pour un tiers par l'inflation", dénonce le collectif dans un communiqué. Ainsi, divisée entre les écoles, l'enveloppe est "infime", comparé aux besoins qu'a chiffré le collectif, pour "lutter contre les violences, contre la précarité ou veiller au bien-être des étudiants".

 

 

Des "mirages", car "dans ce budget, le pass culture obtient par exemple 210,5 millions d'euros supplémentaires, tandis que le chantier de Notre-Dame touche 55 millions d'euros de rallonge, soit plus que pour les travaux nécessaires pour toutes les écoles !".

 

Une augmentation équivalente à la dernière enveloppe

 

La dernière enveloppe exceptionnelle, annoncée dans le courant de l'année pour faire face à la crise, était semblable, rappelle Ensa en lutte. Elle avait été "piochée sur des restes d'autres budgets" et "la dépense (sans ambition politique) s'est menée dans l'urgence - surchargeant encore les administrations".

 

Les 10 ETP (équivalents temps plein) supplémentaires en enseignement et administration promis dans le projet de budget sont "loin de rattraper les carences". "Rien que pour les écoles de Grenoble, Nancy, Rennes et Strasbourg, il faudrait 32 ETP en administration et 28 en enseignement", estime le collectif.

 

 

Celui-ci rappelle que les 75 postes promis par le ministère de la Culture de 2017 à 2023, "en-deçà des besoins", ne sont toujours pas atteints : "avec cet ajout de 2024, il en manquera encore 20 pour seulement respecter ses engagements".

 

"La dynamique est à l'aggravation"

 

La rentrée 2023 démontre que "la dynamique est à l'aggravation", estime le collectif, qui avance plusieurs exemples, tels que l'Ensa de Grenoble, qui "a dû supprimer trois semaines de cours en cette rentrée puisqu'elle a perdu 20% de sa capacité d'enseignement depuis 2013 et que les services administratifs connaissent de nombreux abandons face à la difficulté des missions".

 

Pour sa part, l'Ensa de Paris-la Villette "voit manquer 1/5eme de ses effectifs administratifs et a donc barricadé ses bureaux à la rentrée pour assurer ses missions… tandis que les amphis débordaient d'étudiants". Par ailleurs, "beaucoup d'écoles (Rennes, Rouen, St-Etienne, Strasbourg, …) approchent ou atteignent le solde financier négatif".

 

 

"Projets élitistes et greenwashing total"

 

La seule perspective pour 2024, ce sont "des façades" : le ministère, qui a fait des annonces concernant la rénovation de locaux d'Ensa en piteux état, "s'entête à n'appuyer que des projets élitistes et de greenwashing total", martèle le collectif, qui entend "structurer le mouvement de résistance" et poursuivre les actions.

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