RELANCE. Les représentants de la filière BTP ont signé, ce 5 janvier 2021, une charte avec les pouvoirs publics, s'engageant à maintenir leurs effectifs et à augmenter les embauches d'apprentis.

En maintenant le niveau d'emploi et en recrutant davantage d'apprentis (+12%), le secteur de la construction a réalisé en 2020 une performance "spectaculaire" dans un contexte difficile. C'est Bruno Le Maire, ministre de l'Économie, qui l'a assuré ce 5 janvier 2021, lors d'une conférence de presse qui s'est tenue à Bercy. Le Gouvernement attend à présent des professionnels du BTP qu'ils continuent sur cette lancée, ce qui se concrétise par une charte d'engagements passée entre les ministères concernés et les organisations patronales du secteur (FFB, FNTP, Capeb, CNATP). Ainsi, en échange d'un soutien financier dans le cadre du plan France relance, le Bâtiment s'engage à maintenir ses effectifs d'apprentis en 2021 et engager 15.000 "bâtisseurs" issus des quartiers de la politique de la ville. Côté travaux publics, l'idée est d'embaucher 50.000 salariés d'ici à 2022, augmenter de 50% le nombre d'apprentis entre 2019 et 2022 (de 8.000 à 12.000), quantifier l'empreinte carbone des TP et présenter "un plan d'investissement dans les infrastructures" - une part de ces engagements avaient déjà été pris par le secteur. La ministre du Travail, Élisabeth Borne, a précisé que les services de Pôle emploi seraient mobilisés pour "former des demandeurs d'emploi aux métiers du BTP qui recrutent", notamment dans la rénovation énergétique.

 

Le "décollage très impressionnant" de MaPrimeRénov

 

Ces objectifs pourraient être renforcés dans les mois à venir en fonction de la santé de l'économie et la tendance de l'épidémie, une clause de revoyure étant d'ores et déjà fixée pour fin mars. A la clé, un possible engagement du Bâtiment à embaucher 100.000 compagnons, pour lequel la FFB attend d'abord des garanties sur la relance de la construction neuve, où la menace d'une perte de 100.000 logements en 2021 (par rapport à 2019) se précise.

 

 

En ce qui concerne la rénovation, la ministre du Logement Emmanuelle Wargon a rappelé les grands axes du plan de relance : plus de 4.200 dossiers de rénovation de bâtiments publics sur les rails, plus d'un milliard d'euros pour la rénovation de bâtiments appartenant aux collectivités locales (les projets doivent être sélectionnés début 2021 pour une notification des marchés au plus tard fin 2021). Elle a aussi salué le "décollage très impressionnant" de MaPrimeRénov, dispositif qui a visiblement bénéficié de l'introduction des ménages aisés dans son champ d'action, le 1er octobre dernier. "190.000 dossiers ont été déposés en 2020, ce qui se situe dans la fourchette haute de nos prévisions", a-t-elle signalé. "L'Anah a traversé une période difficile dans le traitement des dossiers", a-t-elle reconnu. "Mais les difficultés sont résorbées, les dossiers sont à présent traités normalement." Ainsi, sur les 70.000 demandes de paiement, 55.000 ont été réglées - ce qui reste loin de l'objectif fixé par le Gouvernement début 2020, à savoir 200.000 primes "distribuées" (et non pas "demandées"). En ce qui concerne les travaux sur le tiers financement de la rénovation énergétique, annoncés par le président de la République fin 2020, ils devraient débuter dans les jours à venir.

 

RE2020 : la ministre ne ferme pas la porte à une négociation sur le "contenu" et les "délais"

 

C'est une phrase qui pourrait redonner espoir à de nombreux acteurs du bâtiment qui s'inquiètent de l'entrée en vigueur dès juillet prochain de la réglementation environnementale 2020. Questionnée sur le sujet, la ministre du Logement Emmanuelle Wargon a ainsi rappelé que l'État était "en pleine concertation" avec les acteurs, qui doivent donner leur avis sur les projets de texte la semaine prochaine via le Conseil supérieur de la construction et de l'efficacité énergétique (CSCEE). "Au fil de ces concertations, nous verrons si des ajustements sont nécessaires sur le contenu et les délais", a-t-elle affirmé. "Cette réglementation est très attendue, elle était censée sortir en 2020, elle est maintenant positionnée sur 2021, et aura un impact important sur la trajectoire carbone de notre pays."


"Nous constatons une chute des appels d'offres de l'ordre de 15%"

 

Les organisations professionnelles ont également profité de l'occasion pour remercier les pouvoirs publics pour tous les systèmes d'aide mis en place depuis mars 2020. "Sans prêts garantis par l'État, sans les aides, le chômage partiel, il y aurait aujourd'hui beaucoup moins d'entreprises présentes", a assuré Bruno Cavagné, président de la FNTP. Avant de demander une accélération du plan de relance. "Les collectivités locales doivent jouer le jeu, car comme le secteur du Bâtiment nous déplorons -15% d'activité en 2020, et nous constatons une chute des appels d'offres de l'ordre de 15%." Les professionnels sont également en attente d'un vaccin efficace contre le covid-19. "Nous sommes impactés dès qu'il y a trop de cas contacts et que des équipes se retrouvent à l'arrêt. Ainsi, l'accélération de la vaccination dans le pays permettra une relance plus rapide."

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