Les femmes n’ont jamais été aussi nombreuses dans le bâtiment. C’est une évolution. Mais une évolution bien trop lente pour représenter une tendance. En effet, en 2003, elles représentaient 9,5% des effectifs du secteur contre 8,7% en 1990, soit une très légère progression.

Dans l’ensemble du BTP, l’augmentation progressive de la part relative des femmes se poursuit pour atteindre 9,5% en 2003. La structure des effectifs féminins du Bâtiment par catégorie professionnelle est proche de celle observée dans l’ensemble des secteurs économiques : en 2003, sur 100 femmes, on dénombre près de 82 etam, près de 10 ouvrières et plus de 8 cadres. Sur les 20 dernières années, la part des femmes relevant de la catégorie ouvrière tend à diminuer au profit de celles classées etam et cadres. Au sein de chacune des catégories professionnelles du bâtiment, la répartition des salariés par sexe évolue lentement : parmi les salariés ouvriers, la part relative des femmes reste extrêmement faible -elles étaient 1,4% en 1984 et 1,2% en 2003-, tandis que parmi les etam et les cadres, leur part progresse régulièrement. Pour les etam : 40% en 1984 et 47% en 2003. Pour les cadres : 7,5% en 1984 et 9,5% en 2003.



Opérations séduction pour féminiser le secteur

Si la féminisation du secteur est loin d’être une évidence, les récentes campagnes de promotion du BTP auprès des femmes pourraient bientôt inverser la tendance.

Pour beaucoup d’organismes professionnels du secteur, l’année 2004 aura été celle de la femme dans le bâtiment. Fermement décidée à recruter «20.000 femmes supplémentaires sur les chantiers et dans les ateliers d’ici 2009», la Fédération Française du Bâtiment (FFB) a lancé en 2004, une campagne de communication à travers des affiches et des dépliants qui reprennent des témoignages de jeunes femmes avec la signature «Le Bâtiment nous va si bien».

De même en novembre 2004, son président, Christian Baffy, a organisé personnellement un ‘tchat’ pour convaincre les femmes de rejoindre un secteur, particulièrement à court de main d’œuvre. Une forme de communication par internet qui, en plus d’affirmer que le bâtiment est un secteur novateur, démontre aussi que le manque de femmes dans le secteur représente une problématique majeure. Plus de 7.000 personnes (organismes consulaires, associations de parents d'élèves, CFA, Etat et services déconcentrés, élus, ANPE, AFPA, IUT, étudiants Grandes écoles (IEP, commerce, ingénieurs), CIO, ONISEP, CRIJ, missions locales, réseaux emploi / insertion / formation, réseaux féministes, etc...) avaient été contactées par email pour les informer de l'opération. Au final, 449 personnes (dont environ 85% de ‘tchateuses’) se sont connectées sur la durée du chat, une heure, suffisamment longue pour permettre à Christian Baffy de répondre à plus d’une vingtaine de questions relevant souvent de problématiques concrètes. Par exemple, «Les métiers du bâtiment ont l'air mal payé ; peut-on vraiment y faire une carrière intéressante avec des opportunités d'évolution ?», ou bien «les métiers du bâtiment ont l'air très difficiles au niveau physique… Est-ce que c'est vraiment accessible pour les femmes ?», ou encore «est-ce que la question du vestiaire est un vrai problème ou une excuse pour refuser d'embaucher une femme ?»…

Autre opération, plus locale, mais aussi plus récente. Ce mardi 8 mars, journée de la femme, la Capeb 70 (Vesoul) organise pour les femmes une journée portes ouvertes pour promouvoir l’opération «Chantier découverte». L’objectif de ce projet est de participer à la féminisation des métiers du bâtiment. Pour cela, il faut que les participantes soient volontaires, qu’elles aient le temps de maîtriser les gestes, les matériaux et l’environnement. Il faut également que cela apporte qualification, compétence et reconnaissance dans cette formation qui doit durer 4 mois. Ce qui veut dire que les chefs d’entreprises, les artisans doivent ouvrir les chantiers à ces femmes, les considérer et les traiter comme tout salarié compétant, qualifié. Cette collaboration permettra aux artisans de découvrir les femmes en activité dans le bâtiment. Une entreprise, Lemaitre Sécurité, s’est associée à ce projet en offrant aux stagiaires des chaussures de sécurité avec un design plus féminin, mais toujours adaptées aux travaux du second œuvre.

Au final, les résultats de ces opérations, parmi d’autres, ne se ressentiront pas avant quelques années. Mais la prise de conscience de l’enjeu de considérer les femmes dans le BTP est devenue, ces dernières années, aussi réelle que l’enjeu de recruter des jeunes. Pour preuve, à la dernière question du ‘tchat’ organisé en novembre dernier : «Pourquoi avoir fait du recrutement de femmes un sujet majeur de la FFB ?», Christian Baffy a répondu : «On ne peut pas se passer des talents de 50 % de nos concitoyens!».



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