ÉCONOMIE CIRCULAIRE. La réutilisation des matériaux a été l'un des thèmes abordés par l'édition 2019 d'EnerJ-meeting : la réflexion en amont des projets et le réemploi sont des axes d'amélioration majeurs pour le bâtiment.

Parmi les thématiques abordées lors de l'édition 2019 d'EnerJ-meeting, il en est un qui a intéressé tant les professionnels du bâtiment que les fabricants de matériaux, en passant par les donneurs d'ordres et les architectes : l'économie circulaire [note du 25/02/19 : sujet qui a fait réagir un expert en assurance, voir encadré ci-dessous]. Dans une logique de développement durable et de circuits courts, le réemploi des matériaux représente en effet une solution à la fois économique et écologique. Ce jeudi 7 février, une conférence sur le sujet s'est donc tenue au Palais Brongniart, à Paris, et a permis de croiser les retours d'expérience. Pour commencer, le directeur d'Upcyclea circular engineering, Eric Allodi, a rappelé que les progrès étaient déjà notables : "Aujourd'hui, nous bénéficions d'un choix plus pertinent de matériaux moins toxiques. Mais nous pourrions encore améliorer le système, par exemple en attribuant un 'passeport circulaire' pour chaque type de matériaux, qui le suivrait durant tout son cycle de vie."

 

"Il faut que la réutilisation devienne une alternative à la mise en décharge"

 

Dans le secteur de la construction, la réutilisation des ressources constituerait donc un enjeu majeur, mais comment faire pour que les matériaux employés dans les bâtiments d'aujourd'hui le soient par la suite dans les bâtiments de demain ? "Il s'agit de trouver la manière grâce à laquelle les matériaux existants pourraient revenir ultérieurement dans le cycle de production", note le directeur du développement durable du groupe Saint-Gobain, Emmanuel Normant. "Mais cela pose un problème, aussi bien pour les bâtiments existants que pour les futurs : comment déconstruire les premiers pour construire les seconds ? On pourrait par exemple réaliser un audit préalable à la déconstruction, et limiter au maximum les pollutions durant la phase de démolition. Dans tous les cas, il faut que la réutilisation devienne une alternative à la mise en décharge, qui est encore très compétitive en France."

 

 

Certaines ressources et techniques présentent d'ores-et-déjà des résultats intéressants en termes d'économie d'énergie et de préservation de l'environnement ; c'est le cas notamment de la plaque de plâtre, aujourd'hui considérée comme le matériau le plus avancé pour ce qui est du réemploi. Toujours est-il qu'il ne fait guère de doute pour les spécialistes que le développement de cette tendance est surtout conditionné au porte-feuille : "Le bâtiment possède un métabolisme lent", reprend Eric Allodi. "Il vaut d'ailleurs mieux parler de ressources usagées que de déchets. Pourquoi ? Car les ressources usagées détiennent encore une valeur résiduelle." Et Emmanuel Normant d'ajouter : "L'économie circulaire est beaucoup moins un défi technique qu'économique."

 

Réemploi des matériaux : un expert en assurance pointe l'absence d'organisme certificateur
Selon un expert de l'assurance, le réemploi des matériaux nécessite davantage de contrôle et de bornes. "Il faudrait par exemple créer un référentiel qui définirait précisément quels sont les types de produits qui peuvent être réemployés, et sous quelles conditions", explique-t-il à Batiactu. "Pour border le risque, nous avons besoin de savoir quels sont les points à vérifier, notamment en termes de caractéristiques techniques. Pour prendre l'exemple de menuiseries que l'on réutiliserait, nous devons nous assurer qu'elles respecteraient certaines caractéristiques thermiques, acoustiques et d'étanchéité."

 

Une forme de certification des produits pour le réemploi permettrait aussi de sécuriser la chaîne de la responsabilité dans la construction. "Il faudrait un acteur ayant une mission spécifique sur ce point", assure notre expert. Qui rappelle également qu'un bon réemploi des matériaux ne se fera pas sans une bonne déconstruction en amont ; autre domaine où il n'existe pas encore de certifications particulières pour les entreprises. "Des entreprises de démolition se mettent à la déconstruction, mais rien n'indique qu'elles le fassent bien car ce sont deux métiers différents."

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