Lancé en début d'année, le régime d'auto-entrepreneur a enregistré 242.000 inscriptions à fin octobre, selon Hervé Novelli, secrétaire d'Etat aux PME. Un chiffre à modérer si l'on considère que seuls 40% d'entre eux ont déclaré une activité réelle. Un statut décrié et largement critiqué par les porte-parole de l'artisanat du bâtiment. Détails.

La France compte désormais 242.000 auto-entrepreneurs (chiffre à fin octobre), a annoncé le secrétaire d'Etat aux PME, Hervé Novelli. Lancé en début d'année « pour simplifier et populariser la création d'entreprises en France », le régime n'enregistre toutefois que 40% d'auto-entrepreneurs avec une activité réelle et ayant déclaré un chiffre d'affaires.
Ainsi, selon le responsable politique, le chiffre d'affaires moyen généré par ce statut s'élève à environ 4.000 euros par trimestre, soit « autour de 1.400 euros par mois ». Et sur les six premiers mois, les auto-entrepreneurs auraient produit un chiffre d'affaires global de 361 millions d'euros. « Un chiffre moyen maintenu », selon Hervé Novelli, compte tenu d'un nombre d'auto-entrepreneurs en forte croissance et d'une saison d'été moins propice à leur activité. Rappelons que le secrétaire d'Etat s'était fixé un chiffre d'affaires pour l'année de l'ordre du milliard d'euros. Il a ainsi soutenu qu'en maintenant le rythme de croissance actuel, « on ne devrait pas en être très loin ».

 

Concurrence déloyale ?
Anticipant les vives réactions de ses détracteurs, Hervé Novelli a « rejeté l'idée que le statut d'auto-entrepreneur pourrait constituer une forme de concurrence déloyale vis-à-vis de l'artisanat », a indiqué l'AFP, et déclaré : « La concurrence la plus déloyale est celle du travail au noir » contre lequel ce statut est « l'antidote le plus puissant ».
Une thèse que ne soutiennent absolument pas les porte-parole du secteur de l'artisanat du bâtiment. En effet, tant du côté de la Confédération des artisans du bâtiment (Capeb) que de la Fédération du bâtiment (FFB), les avis, pour une fois, convergent. Ainsi, Jean Lardin, président de la Capeb, ne cesse de déclarer qu'il s'agit « d'un pur produit de la schizophrénie politique », réitérant le caractère « déloyal » de ce régime. De même qu'il continue de demander le retrait du bâtiment du champ d'application du régime de l'auto-entrepreneur. A l'instar de ses homologues de la FFB, Didier Ridoret et Pierre Tountevich, respectivement Président et Président du Conseil de l'Artisanat de la FFB, qui réclament aussi purement et simplement l'exclusion de ce statut dans « le secteur réglementé » qu'est le bâtiment. Pierre Tountevich précise également qu'outre le discrédit portant sur le savoir-faire propre aux salariés du bâtiment, « ce qui est grave, c'est le devenir de ces salariés. Si le régime a quelque peu été réaménagé dans le sens du bâtiment, il n'est pas complètement cadré notamment envers les chômeurs et les salariés du bâtiment. Ceux-ci peuvent ainsi travailler, avec l'accord de leur patron, pendant leurs jours de RTT ou le vendredi soir - et avec le matériel de l'entreprise ! Le pire, c'est que d'un côté, certains vont cumuler les heures de travail, de l'autre, la FFB va se battre sur la pénibilité du travail… Il y a deux poids, deux mesures. Et c'est sans compter sur le nombre d'accidents de travail - qui auront eu lieu le week-end par exemple, qui vont aller en augmentant et discréditer là encore l'artisanat du bâtiment. » Hervé Novelli est prévenu…

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