De par ses dimensions exceptionnelles, l'Airbus A380 va contraindre certaines plate-formes aéroportuaires à réaliser des aménagements plus ou moins importants. Mais contrairement à ce qui a été dit, ces travaux ne devraient pas être de grande ampleur.

Le plus gros, le plus grand, le plus cher... le super gros porteur européen présenté mardi 18 janvier à Toulouse Blagnac est décidément l’avion de tout les superlatifs. Il faut reconnaître qu’il en impose avec ses 562 tonnes, ses 73 mètres de long, ses 80 mètres de large et ses 24 mètres de haut.
Rien d’étonnant donc à ce que son arrivée ait fait l’objet d’interrogations sur les capacités des aéroports à accueillir cet avion géant.
Le président d'Airbus Noël Forgeard a d’ailleurs vivement réagit à ses spéculations et estimait récemment que cette "campagne de diffamation" n’avait été lancée que pour faire croire que son avion "nécessiterait d'immenses travaux dans les aéroports".

L'avionneur européen affirme de nombreux aéroports dans le monde sont d'ores et déjà prêts et que dans tous les cas, les travaux à réaliser seront minimes.
Une opinion en partie partagée par le président d'Aéroports de Paris (ADP), Pierre Graff. "Finalement, il n'y a pas tant de choses que ça à faire pour accueillir un A380, contrairement à ce que certains disent". "Il y avait un petit peu de lobbying négatif de la part de certains concurrents", a-t-il déclaré à l'AFP.
"Tous les aéroports du monde sont de toute façon confrontés à la mise aux normes de leurs installations parce que la flotte évolue, et il n'y a pas que l'A380 qui nécessite des aménagements, le Boeing 777 notamment" nécessite de renforcer les pistes, a ajouté le président d'ADP.

En août dernier, Airbus avait indiqué que près de 50 aéroports dans le monde, essentiellement en Europe de l'ouest, en Amérique du Nord et en Asie, étaient déjà prêts à accueillir l'A380, parmi lesquels, ceux de Los Angeles et de Roissy Charles-De-Gaulle.
Un chiffre toutefois contesté par l'Association internationale des aéroports (ACI, Airports Council International) basée à Genève. Celle ci plus circonspecte et fait preuve d’une neutralité très Suisse en n'avancant aucun chiffre. Selon l’AFP, une autre source proche du dossier avance plutôt le nombre de 25 aéroports déjà prêts ou en instance de l'être.

Que les constructeurs se rassurent, si l’A380 a été conçu pour utiliser les mêmes pistes que les Boeing 747, les travaux devront obligatoirement être réalisés.
"Il est clair que dans certains endroits, il va falloir faire des travaux importants" (pour le roulage, virage, parking), a déclaré à l'AFP Denis Chagnon, porte-parole de l'Organisation de l'aviation civile internationale (OACI), basée à Montréal.
Suivant les aéroports, il faudra par exemple élargir les accotements et les virages pour éviter que les réacteurs ne passent au dessus de l’herbe. Il faudra également faciliter le débarquement des passagers. Certains aéroports profitent d’ailleurs de l’arrivée du A380 pour réaliser de nouvelles aérogares. C’est le cas de Londres-Heathrow, où le gestionnaire de l’aéroport BAA investit 639 millions d’euros dans la construction d’un nouveau terminal, de Los Angeles ou de Aéroport de Paris qui va construire pour 640 millions d’euros un nouveau bâtiment - le S 3 - qui devrait pouvoir accueillir 6 A380 à partir d’avril 2007.

Jean-Philippe Defawe

Des capacités d’accueil mises en doute chez certaines compagnies
Deux compagnies aériennes, Virgin et Air France, ont déjà décalé la mise en service de leurs appareils dans ce climat d'incertitudes sur les infrastructures aéroportuaires.
En mai, Virgin a différé de 18 mois la livraison de ses six A380, notamment à cause d'inquiétudes sur la capacité d'accueil de l'aéroport de Los Angeles. L'exploitant avait immédiatement rétorqué que l'aéroport serait prêt pour 2006.
Quelques jours plus tard, c'était Air France qui reportait la mise en service de ses A380, peu après l'effondrement d'une partie du terminal 2E de Roissy Charles-de-Gaulle, qui était prévu, entre autres, pour accueillir l'A380. La compagnie s'était toutefois défendue de lier ce report à l'accident.
Le président d'ADP Pierre Graff a toutefois estimé qu'"il n'y a strictement aucun lien" entre les infrastructures aéroportuaires et le report de la mise en service des A380. "Si une compagnie avait un avion demain, nous serions prêt à l'accueillir", a affirmé.
AFP

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