INQUIETUDE. L'Union nationale des syndicats français d'architectes (Unsfa), lors de sa cérémonie des voeux 2018, a regretté le flou entourant les vues, en matière d'architecture, du nouveau gouvernement. Et appelle à faire de l'achitecture une cause nationale.

"Plus que jamais, nous nous posons la question : où allons-nous ?" Ce propos de Régis Chaumont, président de l'Union nationale des syndicats français d'architectes (Unsfa), résume l'inquiétude de la profession à l'égard de la politique du nouveau gouvernement. L'organisation recevait la presse le 18 janvier 2018, à l'occasion de sa traditionnelle cérémonie des voeux. "Nos adolescents de la politique ne prennent pas position, ne veulent pas dessiner l'avenir de la profession, autrement que par la juxtaposition de reformes en nombre et en vitesse", a aussi affirmé Régis Chaumont dans son discours. "Des réformes produites, d'ailleurs, à la marge de la profession d'architecte."

 

L'Unsfa a sollicité le président de la République par courrier, fin 2017, lui proposant de faire de l'architecture une cause nationale, au même titre que l'emploi, la solidarité ou la sécurité. Pour l'instant, l'envoi est resté sans réponse. "Utiliser le terme 'd'adolescents' n'est pas dévalorisant : c'est l'époque où l'on se forme, où l'on apprend, on fait des choix, on marque ses ambitions", a ajouté Régis Chaumont, alors que des menaces pèsent sur la loi Mop et l'obligation du concours d'architecture pour tous, notamment les bailleurs sociaux, dans le souci de construire mieux, plus vite et moins cher (un objectif qui a été remis en cause par Denis Dessus, président du Conseil national de l'ordre des architectes - Cnoa).

 

"Il n'y a pas de grand dessein pour l'architecture"

 

Ce sentiment d'abandon avait été initié par l'absence de ministre lors du dernier congrès de l'Unsfa, qui s'était tenu à Metz en octobre 2017. "Ai-je été provocateur lorsqu'à cette occasion je disais : Aujourd'hui il n'y a pas de grand dessein pour l'architecture, on ne fait que gérer le quotidien au pas de marche. [...] Pourtant, tout est architecture : bien penser l'espace, c'est préserver la patrimoine, enrichir le présent et préparer le futur de tous."

 

L'Unsfa participe, comme l'ensemble des acteurs de la construction, à la conférence de consensus sur le plan Logement. Mais n'en attend pas forcément des bouleversements. "Nous n'avons que quelques minutes pour nous exprimer", déplore un responsable de l'Unsfa. "Cela n'est pas suffisant. Et certains de nos interlocuteurs au ministère ont les idées très arrêtées."

 

Les décrets de la loi Cap sont presque tous passés

 

Une situation qui jure avec ce qui a relié la profession avec les équipes du ministère de la Culture, lors de la conception et du vote de la loi Cap, en 2016. Régis Chaumont a d'ailleurs rendu un hommage appuyé à l'administration. "La loi a été votée en 2016, et en 2017 presque tous les décrets étaient passés. Le travail du ministère de la Culture a été phénoménal. Les architectes sont très bien au ministère de la Culture !" L'Unsfa, unissant le geste à la parole, a d'ailleurs invité Françoise Nyssen pour son prochain congrès, qui se tiendra à Marseille en octobre 2018.

 

Peut-être l'occasion d'obtenir des réponses aux nombreuses revendications de l'Unsfa : "Une juste rémunération avec la réouverture du débat sur les barèmes, une formation initiale ouverte, souple et solide qui favorise l'insertion des jeunes architectes, un grand débat avec les pouvoirs publics sur le champ d'intervention des architectes", a notamment énuméré Régis Chaumont.

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