Le 13 juin, la Cinémathèque Française et la Bibliothèque du Film vont s'installer rue de Bercy à Paris, dans l'ancien American Center construit en 1993 par l'architecte Franck O. Gehry. Dès septembre, le public pourra découvrir le résultat d'un difficile travail de restructuration, mené par les architectes français de l'Atelier de l'île.

Acquis en 1996 par l'Etat - ministère de la Culture - après l'arrêt des activités de l'American Center, l'unique bâtiment de Franck O. Gehry dans la capitale française trouve aujourd'hui un second souffle. Et cela, grâce à la profonde restructuration que mène depuis 2003 l'équipe de maîtrise d'oeuvre : Dominique Brard, Olivier Le Bras et Marc Quelen, les architectes de l'Atelier de l'île.

«Consulté lors du concours, Gehry n'a pas insisté pour que l'on respecte son bâtiment comme un monument historique», a expliqué Dominique Brard lors d'une visite de chantier la semaine dernière. «De notre côté, nous avons souhaité conserver les parties significatives de son architecture, c'est-à-dire les volumes sculpturaux, les plans déstructurés et la lumière naturelle», précise-t-il.

En plus de ces points essentiels, le projet reprend à son compte la palette de matériaux définie par l'architecte américain - pierre calcaire, métal galvanisé, verre, bois - mais développe une identité propre à la Cinémathèque française. Selon Dominique Brard, «c'est dans des espaces plus neutres que la distance avec le bâtiment d'origine se ressent le plus».

L'aménagement ou le réaménagement de l'espace s'est révélé être une opération très délicate du fait de l'imbrication architecturale et structurelle des programmes et des circulations. «Dès que nous voulions percer ou déplacer une cloison, nous étions obliger de remettre des poutres pour assurer les descentes de charges et la stabilité de l'édifice», confie Dominique Brard. Car «dans cette sculpture, tout est structure».

Pour la grande salle de cinéma (413 places), située à l'emplacement de l'ancien théâtre, les planchers et les murs en béton ont été sciés sur plusieurs niveaux pour pouvoir agrandir le volume et accueillir les nouvelles techniques de diffusion numérique. Cette boîte dans la boîte est désormais accrochée à des poutrelles métalliques, sous la salle d'exposition permanente.

Autre casse-tête : les circulations. En effet, l'édifice compte huit niveaux en superstructure mais un nombre incalculable de demi-niveaux qui complique sérieusement les déplacements du personnel et des visiteurs, surtout ceux à mobilité réduite. Pour palier à cette situation labyrinthique, l'équipe de maîtrise d'oeuvre a créé des circulations verticales plus lisibles, notamment depuis le hall d'entrée vers les salles de projection, les salles d'expositions et la bibliothèque-médiathèque.

En complément de ces espaces fonctionnels, et des bureaux - installés dans des anciens logements -, un bar-restaurant et une librairie-boutique prendront place au rez-de-chaussée. Ils apporteront un complément financier qui a peut-être fait défaut à l'American Center en son temps.

La Cinémathèque française et la Bibliothèque du Film
Créée en 1936 par Henri Langlois, la Cinémathèque française conserve les films mais aussi les objets du patrimoine cinématographique (décors, costumes, appareils...). Elle assure leur diffusion par l'organisation de projections, de rétrospectives, de conférences et de recherches, d'expositions en France et à l'étranger et d'un enseignement sur l'histoire du cinéma.

Créée en 1992, la Bibliothèque du Film met à disposition des publics l'ensemble des fonds documentaires sur le cinéma (ouvrages, périodiques, revues de presse, photographies, affiches, dessins de décorateurs et de costumiers, fonds d'archives, vidéo et DVD), ainsi qu'une base de données sur le cinéma et sur l'actualité de son patrimoine. Elle organise expositions et sessions de formation.

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