ANALYSE. L'Agence qualité construction (AQC) vient de publier les résultats de son observatoire de la construction 2019. Un document qui liste les sinistres les plus fréquents et coûteux en fonction des types de bâtiments. Détails.

Quels sont les désordres les plus fréquents et coûteux dans les constructions ces dernières années ? L'observatoire de la qualité de la construction 2019, réalisé par l'Agence qualité construction (AQC), vient répondre à ces deux questions. Publié récemment, il vient analyser la situation en fonction du type de bâtiment - parallèlement, l'AQC a publié les lauréats de son concours photo sur les pires désordres observés.

 

En ce qui concerne les maisons individuelles, les désordres touchant aux revêtements de sol intérieur progressent fortement sur la période 2008-2018, comparé aux périodes 1995-2005 et 1997-2007. Si l'on ne tient compte que des trois années de 2016 à 2018, l'augmentation est encore plus nette puisque ce type de défaut constitue 13,5% du total en maison individuelle. "Dans les maisons individuelles neuves, où les sols sont généralement recouverts de carrelage, nous rencontrons souvent une insuffisance de joint dans la chape ou les carreaux", commente Catherine Labat, expert construction au cabinet Neoxa, citée par l'AQC. "Il s'agit généralement d'une insuffisance de joints périphériques, avec des carreaux posés au contact de cloisons ou autour de poteaux ou de cadres de porte."

 

Découvrez dans le schéma ci-dessous le "flop 10" en termes de sinistralité concernant la maison individuelle :

 

Répartition des sinistres en maisons individuelles
Répartition des sinistres en maisons individuelles © AQC 2019

 

Si l'on tient compte à présent du coût des désordres en maison, les revêtements de sol intérieur restent en première ligne, représentant 19,5% du total sur la période 2016-2018. Un chiffre en hausse qui pourrait être dû à la multiplication des planchers-chauffants. "Quand se produit une fissure dans le carrelage, une simple réparation du carrelage est le plus souvent impossible. C'est tout le 'sandwich' au-dessus du support qu'il faut remplacer : le carrelage,la chape, les éléments chauffants, l'isolant", commente Catherine Labat. Un point d'alerte est également signalé sur les sinistres liés aux systèmes poteaux-poutres, en forte hausse sur 2008-2018 comparé aux deux décennies précédentes. "Cette progression dans les maisons individuelles est étonnante", pour Catherine Labat. "Il faudra analyser plus en détail les désordres qui se cachent derrière cette nomenclature. Correspond-elle à l'augmentation des maisons contemporaines ?"

 

 

En matière de logements collectifs, le "flop 10" est également couronné par les soucis de revêtement de sol intérieur, comme on peut le voir dans le schéma ci-dessous.

 

Désordres en logements collectifs
Désordres en logements collectifs © AQC 2019

 

L'ossature poutres poteaux progresse fortement sur la période 2008-2018, et encore plus sur 2016-2018. "Dans ce domaine, le principal problème réside dans les armatures, que ce soit au niveau de leur positionnement, assemblage ou liaison", commente Catherine Labat. "Avant le coulage, il faut une exigence importante au niveau du positionnement de l'acier afin que le béton armé résiste. C'est un point de vigilance sur lesquelles entreprises ont un peu baissé la garde. C'est peut-être dû au fait qu'un certain nombre d'entre-elles ont perdu du personnel d'encadrement technique au moment de la crise", détaille l'experte. Autre segment dont la sinistralité augmente : les équipement sanitaires. Cette hausse peut être attribuée à l'installation de plus en plus fréquente de douches à l'italienne, touchées par des défauts d'étanchéité. Mais également aux WC suspendus : ceux-ci "nécessitent d'être fixés à des murs suffisamment résistants", explique Catherine Labat. "Or, dans les immeubles neufs, ce sont souvent des cloisons en plaque de plâtre si bien que l'équipement, s'il n'est pas adapté, a tendance à s'affaisser à l'usage."

 

10% de défaut de stabilité

 

En tenant compte de tous les types de bâtiments, et de l'ensemble des manifestations de désordres, il en ressort que les défauts d'étanchéité à l'eau passent de 65% (2005-2015) à 62% (2016-2018) et les défauts de stabilité de 9 à 10%. La "sécurité d'utilisation" passe de 13 à 14%, ce qui "correspond bien à l'évolution des pathologies des revêtements", note Catherine Labat. "En effet, lorsque les fissures de carrelage ou les décollements des sols PVC sont importants, ils entrainent un risque pour les occupants, que ce soit de coupure (carrelage) ou de chute(carrelage et sol PVC)."

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