QUARTIERS. Le Premier ministre Edouard Philippe et plusieurs ministres du gouvernement se sont rendus le 31 octobre 2019 en Seine-Saint-Denis pour porter une vingtaine de mesures sur le front de la sécurité, de la justice, de l'éducation et de la santé. Malgré l'annonce de l'ouverture de postes sur l'habitat indigne, le logement n'a pas été évoqué.

Face aux élus séquano-dionysiens, le chef du gouvernement Edouard Philippe s'est servi d'une anaphore inversée pour qualifier la Seine-Saint-Denis, ce département "hors normes". Un adjectif qu'il applique autant à son "histoire", ses "transformations urbaines" qu'à "ses difficultés". Plus convenues sont les mesures annoncées pour palier cela, notamment en matière de logement, grand absent aux dires de certains élus.

 

Edouard Philippe n'était pas venu seul, mais était plutôt en tête d'un cortège ministériel composé des ministres de l'Intérieur Christophe Castaner et le secrétaire d'Etat Laurent Nunez, de la garde des Sceaux Nicole Belloubet, d'Agnès Buzyn à la Santé, Jean-Michel Blanquer pour l'Education nationale et Julien Denormandie en charge de la Ville et du Logement. Cette visite fait notamment écho au rapport parlementaire remis en mai 2018 par les députés François Cornut-Gentille et Rodrigue Kokouendo qui accablait les services régaliens de l'Etat dans le département.

 

5 postes d'inspecteur supplémentaires

 

Dans ce territoire où "34 quartiers bénéficieront du doublement du budget de l'Agence régionale pour la rénovation urbaine", le fléau de l'habitat indigne est tel que la Seine-Saint-Denis fait partie des six sites prioritaires définis par les ministères de la Justice et du Logement. Sur ce point, Edouard Philippe a annoncé l'ouverture de "cinq postes supplémentaires d'inspecteur de l'action sanitaire et sociale" rattachés au ministère de la Santé".

 

"Cela peut paraître faible au vu des enjeux du fléau dans le département, mais ce n'était peut-être pas l'objet de cette visite qui portait davantage sur les missions régaliennes. Néanmoins, on peut raccrocher cette mesure à la Justice, en donnant davantage la capacité au tribunal de traiter les dossiers", estime le sénateur (LR) de Seine-Saint-Denis Philippe Dallier, auprès de Batiactu.

 

Le chef du gouvernement a en effet missionné la ministre de la Justice Nicole Belloubet pour définir "une circulaire de politique pénale propre au département qui définit les champs les plus urgents", parmi lesquels la lutte contre l'habitat indigne. Au Tribunal de Bobigny, une magistrate est dédiée aux affaires de logement indigne.

 

Déséquilibre territorial

 

Le logement d'un point de vue plus général est "l'un des grands absents" de ces annonces, qui relèvent davantage du "saupoudrage", persiste de son côté Gérard Cosme (PS) qui préside l'intercommunalité Est Ensemble -laquelle regroupe 9 communes du territoire de Seine-Saint-Denis. "Le Premier ministre ne parle pas du déséquilibre territorial. 42% de notre population habite les quartiers politique de la ville et l'ANRU nous oblige à compter 60% des logements sociaux reconstruits dans notre plan local d'urbanisme intercommunal, ce n'est pas normal", peste-t-il.

 

Dans son discours, le Premier ministre a survolé le sujet du Grand Paris que le gouvernement délègue à la parole présidentielle. Edouard Philippe a néanmoins appelé au "refus de l'assignation à résidence" dès lors que l'on résiderait en Seine-Saint-Denis. D'un aveu commun du sénateur Philippe Dallier et du président d'intercommunalité Gérard Cosme, cela passe par un retour franc et massif de la mixité sociale.

 

"Il faudrait que la Seine-Saint-Denis sorte des règles applicables à l'échelle nationale", dixit Philippe Dallier en référence, notamment, à la loi SRU dont le quota de 25% est parfois largement dépassé dans certaines communes. "Nous devons faire revenir les classes moyennes, nous accueillons toujours des populations de plus en plus fragilisées et cela passe aussi par la politique du logement", poursuit-il.

 

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