Le comité central d'entreprise (CCE) d'ArcelorMittal France qui s'est tenu ce jeudi n'a pas rassuré les syndicats sur la pérennité du site de Florange, en Moselle. Si la direction a indiqué qu'il « n'y a pas de fermeture définitive », elle a annoncé la prolongation de « l'arrêt temporaire d'une partie des installations » notamment des hauts-fourneaux, dont l'activité a cessé en octobre. En parallèle, l'importation de 60.000 tonnes d'acier auprès du concurrent russe Severstal n'a pas manqué de faire réagir. Décryptage.

Le contexte a véritablement quelque chose de paradoxal ! Alors que ArcelorMittal vient de confirmer un ralentissement de la demande d'acier en Europe et l'obligation de maintenir fermés une dizaine de hauts-fourneaux sur le continent, le voici en manque de matières premières. Le sidérurgiste s'est récemment retrouvé en pénurie de brames, c'est-à-dire de plaques épaisses d'acier. Il a été par conséquent obligé de se fournir auprès de son concurrent russe Severstal pour éviter des ruptures d'approvisionnement. Pas moins de 60.000 tonnes d'acier ont ainsi été importées de Russie où Severstal a ses bases. Leurs destinations ? L'Allemagne et... la Belgique.

 

Et alors que le sidérurgiste a fermé définitivement sa phase à chaud liégeoise et ses deux hauts-fourneaux, il s'est aussi retrouvé en rupture de stock sur deux autres sites, voisins de Liège, Brême et Gand. L'annonce de cette stratégie de la direction - une situation peu fréquente dans la sidérurgie, à part dans les périodes florissantes, comme en 2007 ou 2008 - a forcément déclenché la réaction des syndicats français sur le site de Florange.

 

La direction dément toute importation pour Florange
Selon eux, il s'agit d'un argument supplémentaire pour justifier le redémarrage de leur usine, dont l'arrêt vient d'être prolongé au moins jusqu'à fin juin - et la période de chômage technique de 500 salariés rallongée d'autant. La direction générale d'ArcelorMittal France nous réfute toutefois cet argument : "Nous démentons toute importation de brames d'acier en provenance de l'étranger pour le site de Florange." Et de garantir : "Il s'agissait d'un besoin de très court terme, lié aux conditions hivernales difficiles, qui ont causé des pertes de brames sur nos usines. Et il concernait une situation ponctuelle sur les sites de Gand et Brême qui ont dû faire face de ce fait, à une diminution de production temporaire. Celle-ci a entraîné l'achat d'une très petite quantité d'acier pour ces deux sites. Ce besoin de courte durée n'était malheureusement pas suffisant pour redémarrer les hauts-fourneaux en Europe."

 

60.000 tonnes correspondent en effet à une petite quantité : à titre de comparaison, si l'un des deux hauts-fourneaux de Florange redémarrait, il produirait environ 90.000 tonnes par mois.

 

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