FISCALITÉ. A la suite du mouvement de colère des "gilets jaunes", le président de la République, Emmanuel Macron, a fait plusieurs annonces à la Nation pour augmenter le pouvoir d'achat des salariés et geler certaines taxes et charges.

Emmanuel Macron a décidé de réagir à la grogne des "gilets jaunes" en annonçant plusieurs mesures à effet rapide visant à améliorer le pouvoir d'achat des salariés. Il les a déclinées depuis le palais de l'Élysée, ce lundi 10 décembre, lors d'une intervention télévisée.

 

Le Président a tout d'abord rappelé ce que le premier ministre avait annoncé il y a quelques jours, à savoir la suppression de toutes les augmentations de taxe prévues pour le début de l'année prochaine, qui étaient au cœur des contestations : la hausse de la taxe carbone, sur l'essence, le fioul et le diesel ; la convergence de la fiscalité du diesel avec celle de l'essence ; et, pour les professionnels, l'alignement sur la fiscalité des particuliers de la fiscalité du gazole des entrepreneurs non-routiers.


Augmentation de 100 euros par mois pour le Smic

 

Décrétant "l'état d'urgence économique et social", le Président a surtout annoncé une augmentation de 100 euros par mois du Smic dès 2019, "sans que cela ne coûte un euro supplémentaire à l'employeur". Autre avancée : les heures supplémentaires seront "versées sans impôt ni charges dès 2019". Une mesure qu'avait prise en son temps Nicolas Sarkozy, mais qui avait été retirée par son successeur François Hollande.

 

 

Troisième annonce concernant directement le pouvoir d'achat : "Je demanderai à tous les employeurs qui le peuvent de verser une prime de fin d'année à leurs employés, qui ne sera soumise ni à l'impôt ni à des charges. L'ensemble de ces mesures seront présentées demain par le Premier ministre aux parlementaires", a-t-il assuré.


Pas de retour de l'impôt sur la fortune

 

Toutefois, au sujet de la suppression de l'impôt de solidarité sur la fortune, qui a été remplacé par l'impôt sur la fortune immobilière (IFI), Emmanuel Macron a souhaité garder son cap en ne le rétablissant pas. Pour rappel, l'IFI a ce défaut, pour les professionnels de l'immobilier, de "stigmatiser" leur secteur.

"Le dirigeant d'une entreprise française doit payer ses impôts en France."

 

Le président de la République a également affirmé qu'il accélèrerait la lutte contre l'évasion fiscale : "Le dirigeant d'une entreprise française doit payer ses impôts en France." Plus largement, une réflexion de fond devrait être lancée, notamment sur la fiscalité, de manière à la rendre plus juste et efficace et répondre aux défis du changement climatique. Trois priorités ont été notamment indiquées : se loger, se déplacer, se chauffer. Sur ce dernier sujet, d'après l'agence Reuters citée dans la presse, le Gouvernement devrait annoncer un élargissement du dispositif du chèque énergie (d'un montant de 200 euros). Distribué à 3,6 millions de foyers aujourd'hui, il devrait en toucher 5,6 millions dès l'année prochaine.

"Je rencontrerai les maires en régions dans les semaines à venir pour bâtir le socle du nouveau contrat de la nation"
, a-t-il conclu, solennel.

 

L'Union des entreprises de proximité (U2P) "salue" les annonces
"L'U2P salue les premières réponses qu'il a apporté à la détresse qui s'est manifestée depuis trois semaines, ainsi que la priorité qu'il met à améliorer le pouvoir d'achat de ceux qui travaillent", a réagi l'organisation professionnelle par un communiqué de presse du 10 décembre 2018. "De même l'U2P accueille favorablement les premières mesures d'urgence économique et sociale qui se traduiront par une hausse de pouvoir d'achat dès 2019 et qui ne feront pas porter l'essentiel de l'effort sur les entreprises dont l'activité a été mise à mal par le mouvement des 'Gilets jaunes'."

 

L'organisation assure qu'elle participera au débat national lancé par le Président, et "attend en particulier des mesures d'équité fiscale et sociale pour un même métier et un même territoire, ainsi qu'une politique de revitalisation des centres villes et centres bourgs".

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