Depuis octobre 2012, deux quartiers de la ville d'Angers (Maine-et-Loire) sont chauffés par une centrale de cogénération biomasse qui remplace l'ancienne unité d'incinération des ordures ménagères. L'électricité produite est revendue à ERDF avec un tarif bonifié, permettant de maîtriser le coût de l'opération.

Selon Frédéric Béatse, le maire d'Angers, "l'inauguration de Biowatts symbolise un changement d'époque dans le rapport des collectivités à l'énergie. L'incinération des déchets pour produire de la chaleur était une réponse logique dans les années 1970. La cogénération biomasse est une réponse qui colle parfaitement aux enjeux actuels où la question énergétique occupe une place centrale". Inaugurée cette semaine, la centrale de cogénération biomasse angevine, qui fonctionne depuis plusieurs mois, fournit à la fois de la chaleur et de l'électricité verte à partir de copeaux de bois. La chaleur est distribuée, via un réseau souterrain de 29 km, à 14.000 logements dans les quartiers de la Roseraie et d'Orgemont dans le sud de la ville, tandis que l'électricité produite, qui correspond à la consommation de 18.000 logements (50.000 MWh), est revendue à ERDF.

 

La commune justifie le choix de la biomasse comme source d'énergie verte, par la gestion durable des forêts qui composent la source primaire. Du point de vue des émissions de CO2, le bois serait neutre car il ne rejetterait, lors de sa combustion, que le carbone qu'il a capté pendant sa croissance. Le fait de faire de la place pour de nouveaux arbres sur les exploitations forestières permet donc de boucler ce cycle. Grâce à ce procédé, la ville explique faire passer sa part des énergies renouvelables de 2 à 15 % dans l'alimentation des bâtiments municipaux.

 

Un enjeu économique et sociétal
D'un point de vue technique, la puissance thermique de l'unité Biowatts est d'environ 23 MW et la vapeur produite par la chaudière est dirigée vers une turbine à condensation dont les étages de détente font tourner un alternateur électrique d'une puissance de 7,5 MW. Une chaufferie d'appoint, fonctionnant au fioul domestique, est utilisée lors des pics de consommation (en hiver) et lors des opérations de maintenance sur l'unité principale. Le chantier s'est déroulé en quatre phases, débutant en février 2011 par les opérations de démantèlement partiel de l'usine d'incinération des ordures ménagères (cinq mois). La chaufferie d'appoint a été transformée entre les mois de mars et septembre 2011, tandis que le réseau de chaleur a été modernisé et étendu entre mai et septembre. Enfin, la construction à proprement parler de l'unité de cogénération biomasse s'est étalé entre juillet 2011 et octobre 2012. En tout, pas moins de 243.000 heures de travail ont été nécessaires, soit 135 équivalents temps plein pendant un an : environ 30.000 heures ont été nécessaires pour la chaufferie d'appoint, 43.000 heures pour l'extension des réseaux de chaleur et 170.000 heures pour le démantèlement-reconstruction de la centrale. Et le fonctionnement même de la centrale fait travailler directement 51 personnes, chiffre auquel il faut ajouter les emplois indirects dans la filière bois locale. L'unité consomme en effet 90.000 tonnes de bois par an, soit 4.000 m3 de combustible pour 5 jours de production : seuls une quinzaine de semi-remorques seront nécessaires contre 50 à 60 bennes d'ordures auparavant.

 

20 % d'économie sur la facture des consommateurs
D'un point de vue budgétaire, 58 M€ ont été nécessaires pour l'opération Biowatts, dont 20 M€ pour les extensions de réseau de chaleur, 4 M€ pour la chaufferie d'appoint et 34 M€ pour la centrale. Le financement atypique a été porté par la ville et la métropole (10,7 M€), par Dalkia (14 M€) et par Biowatts Roseraie Energie, société créée et regroupant un actionnariat public/privé (Société d'aménagement de la région angevine, bailleur et Dalkia). L'Ademe a subventionné l'extension des réseaux (3,8 M€) tandis que la Caisse des dépôts et consignations a assuré le financement des emprunts à hauteur de 60 % du coût global des travaux. Pour les usagers en revanche, la facture sera moins salée : il est estimé que, sur une saison de chauffage, elle passera de 965 à 760 € pour un même logement, soit une économie réalisée de 20 %. Et les diminutions concerneront également les gaz de serre, avec 40.500 tonnes de moins dans l'atmosphère.

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