Ce lundi s'est ouvert le premier procès contre l'amiante à Bruxelles, qui oppose les trois fils d'une famille décimée par le cancer de la plèvre à la société belgo-suisse Eternit. Cette dernière est accusée d'avoir négligé la dangerosité de l'amiante qui entre dans tous les travaux de constructions depuis des décennies.

Eternit est de nouveau face à la justice, dans un procès qui l'oppose à une famille belge victime de l'amiante. Ce procès civil s'ouvre plus de 10 ans après le dépôt d'une plainte de Françoise Jonckheere, l'épouse d'un ingénieur du groupe, spécialisé dans la fabrication de béton-amiante pour le secteur de la construction, décédé d'un mésothéliome (cancer de la plèvre) en 1987.

 

De la famille Jonckheere, il ne reste plus désormais que trois survivants - trois des cinq fils du couple, la mère ayant également succombé à ce cancer en 2000 - qui ont fait la promesse de poursuivre le combat de leurs parents. Eux-mêmes en état de sursis et ayant les poumons tapissés de fibres d'amiante, ils réclament aujourd'hui des dommages et intérêts tout en accusant l'industriel de connaître les dangers de l'amiante depuis plus de 40 ans.

 

Eternit - visé par un procès à Turin (Italie) où le procureur a réclamé 20 ans de prison contre deux anciens dirigeants du groupe - compte plaider la prescription, qui est de 20 ans en Belgique pour ce type d'affaire. Or, la société soutient que le délai moyen d'incubation du cancer de la plèvre tourne, selon les études scientifiques, autour des 35-40 ans. L'AFP aurait lu, sur son site Internet, que l'industriel avait «de tout temps pris les mesures qui pouvaient raisonnablement être attendues de sa part», mais qu'il reconnaît qu'elles n'étaient «malheureusement pas suffisantes». Les responsables d'Eternit n'étaient pas joignables ce lundi…

 

 

Un problème de santé publique en Belgique
Eric Jonckheere, l'un des fils des victimes, et aujourd'hui président de l'Association Belge des Victimes de l'Amiante (Abeva), a rappelé que l'amiante demeurait un problème de santé publique majeur en Belgique, où l'on enregistre quelque 800 décès liés à l'amiante chaque année.
En effet, ce matériau est encore partout dans les constructions belges, jusque dans les écoles, et il faudra au moins 40 ans avant que le pays en soit débarrassé. « Dans le parc immobilier public, il y en a encore pour 20 ans pour tout enlever », estime Beeve Consulting, une société de désamiantage belge, citée sur le site myeurope.fr. Mais il semblerait que ce sujet ne soit pas encore une priorité des autorités belges, qui ont attendu 2001 pour interdire toutes les utilisations de l'amiante et se mettre en conformité avec une directive européenne de 1999.

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