Préoccupation grandissante des industriels et des prescripteurs, le thème de l'accessibilité des bâtiments est présent sur le salon Equip'baie, qui se tient actuellement à Paris. Et pour cause : dès le 1er janvier 2015, la plupart des établissements recevant du public auront l'obligation de respecter les règles d'accessibilité. Les questions quant à l'application de ces normes sont nombreuses, mais pas sans réponse.

Cinq ans après l'adoption de la loi Handicap faisant de l'accessibilité pour tous une obligation, ce principe semble enfin commencer à faire son chemin. Mais si les industriels, promoteurs ou architectes sont de plus en plus nombreux à mettre en place des solutions pour respecter cette obligation de mise en accessibilité dont la date du 1er janvier 2015 arrive à grands pas, les problématiques et méthodologies semblent encore mal connues dans le monde de la construction. A l'occasion du salon Equip'baie, qui se tient jusqu'au 19 novembre à Paris, un panel de spécialistes s'est interrogé sur la manière de surmonter les difficultés liées à l'application des nouvelles normes d'accessibilité.

 

Selon Florent Orsoni, directeur exécutif de l'association Tuttimobi, la qualité de l'accessibilité dépend du niveau de connaissance et d'application du maître d'ouvrage. «Il n'y a pas beaucoup de visibilité sur les normes, et lorsque l'on cherche des exemples de mises en accessibilité réussies, il est encore dur d'en trouver qui montrent la totalité de la chaîne de déplacement». De plus, une méthodologie utilisée dans un cas précis ne peut pas forcément s'appliquer ailleurs, car l'utilisateur final n'est pas le même, et les handicaps sont aussi variés que les solutions de construction pour les contourner. En effet, le handicap ne se limite pas aux fauteuils roulants ! D'après Florent Orsini, c'est d'ailleurs pour les déficiences sensorielles que les solutions sont actuellement les plus difficiles à trouver.

 

Mieux communiquer
«Sur le terrain, le besoin principal est celui de la communication», observe André Augst, ingénieur conseil en accessibilité, et vice-président du Centre d'information et de conseils en aides techniques (Cicat). Les spécialistes constatent d'une part que les professionnels en charge de la mise en œuvre ne savent pas toujours comment utiliser un nouveau produit développé par les industriels ; d'autre part, la chaîne de fabrication ou de mise en accessibilité n'inclut pas toujours les utilisateurs finaux, qui pourraient pourtant apporter un regard critique et leur bon sens quant à la manière d'optimiser l'accès d'un bâtiment. Surtout, l'accessibilité peut se cacher derrière des produits «classiques» qu'il suffit de détourner de leur usage, afin d'aider les personnes à mieux se repérer, ou tout simplement en adoptant des codes couleurs spécifiques. C'est aussi une manière de montrer que les notions d'esthétique et de fonctionnalité ne doivent pas forcément s'opposer.

 

Etant donné le thème du salon Equip'baie, les experts ont également évoqué la problématique des ouvertures et notamment le seuil de la porte. «Le franchissement de seuil n'est plus un problème, il est rentré dans les esprits de tous les fabricants», constate Eric Heyrman, chargé de mission auprès de la déléguée interministérielle à l'accessibilité. Le seuil est aussi représentatif de ce que peut apporter la mise en accessibilité, puisqu'en plus de rendre possible le franchissement d'une porte à un fauteuil roulant, le seuil mis à niveau du sol élimine un obstacle pour tous, particulièrement enfants et personnes âgées pour qui un seuil classique est dangereux.

 

L'exemple de Saint-Etienne
C'est d'ailleurs cette notion de conception universelle qu'a souhaité mettre en place Saint-Etienne Métropole, lors de la conception de son Zénith. «Nous voulions saisir l'opportunité de la construction d'un établissement prestigieux pour traiter de l'accessibilité plus largement que ce qu'imposait la loi, en nous adressant notamment aux déficients sensoriels», explique Martine Maras, chargée de mission accessibilité à la communauté d'agglomération Saint-Etienne Métropole. «Le principe est de dire que ce qui va leur profiter peut bénéficier à tous, et l'attractivité de l'établissement en sera augmentée». Au Zénith de Saint-Etienne, les travaux concernant l'accessibilité ont coûté 102.132 euros, soit 0,3% du projet total. Ils incluent le guidage à l'extérieur par balises audios aux points modaux, les maquettes tactiles à l'entrée de l'établissement… La ville, qui se prépare à recevoir certains matches de foot de l'Euro 2016, envisage déjà une meilleure accessibilité pour son stade, en travaillant cette fois autour de l'accueil des déficients intellectuels.

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