IMMOBILIER. Selon Le Monde et Franceinfo, des salariés et anciens salariés de cette société de diagnostic immobilier auraient porté plainte contre X pour mise en danger d'autrui, après avoir appris leur exposition à des concentrations de chloroforme supérieures aux normes. AC Environnement indique à Batiactu avoir engagé une procédure pour faire sortir sa directrice des laboratoires du capital de l'entreprise.

Pour une société spécialisée dans le diagnostic immobilier, chargée notamment d'évaluer la présence d'amiante et de plomb dans les appartements et les maisons, l'affaire pourrait faire tache. Selon des articles du Monde et de Franceinfo, une trentaine de salariés et d'anciens salariés de l'entreprise AC Environnement, basée à Riorges (Loire), auraient déposé deux plaintes contre X. L'une devant le tribunal de grande instance de Paris, et l'autre devant le TGI de Roanne, pour mise en danger d'autrui : les salariés se plaignent d'infertilité, de complications de grossesse, de douleurs neurologiques et autres problèmes de santé, d'après Le Monde. "Tous en commun d'avoir manipulé des solvants très toxiques comme le chloroforme, l'acétone et l'éthanol, dans le cadre de leur travail de laborantin (...). Ces produits chimiques sont considérés comme cancérigènes, mutagènes et toxiques pour la reproduction", détaille le journal.

 

La société ne s'est vu signifier "aucune plainte", a répondu à Batiactu Raphaël Eulry, directeur de la communication d'AC Environnement. Pour autant, il n'est pas question, pour celle-ci, "de nier des faits qui ont bien eu lieu." A partir de novembre 2018, AC Environnement a en effet appris que l'une de ses collaboratrices du laboratoire de Riorges, arrivée dans l'entreprise en 2017, aurait été exposée à des taux de chloroforme supérieurs à la norme. A la suite de quoi AC Environnement a diligenté une enquête "en toute transparence" avec l'Inspection du travail et la médecine de travail.

 

Un rapport dès 2016, mais "dissimulé" par la directrice des laboratoires, selon la direction actuelle

 

Cette enquête a conclu fin mars 2019 à des valeurs limites d'exposition professionnelle (VLEP) supérieures à la norme, concernant le chloroforme. AC Environnement a dans la foulée mis en place un plan d'actions à moyen et long terme afin de ne plus exposer ses collaborateurs à ces teneurs supérieures à la norme. L'entreprise a notamment fermé des laboratoires afin de les aérer et de vérifier les systèmes de ventilation. Des actions dont elle a "systématiquement informé" ses salariés. "Tout est rentré dans l'ordre", assure Raphaël Eulry.

 

Parallèlement, la direction générale d'AC Environnement a reçu, le 9 avril 2019, un courriel de la directrice des laboratoires, Sana Bourguiba, par ailleurs actionnaire de AC Environnement, qui avoue avoir commandé auprès de la société Oxygenair un rapport dont elle avait demandé à recevoir les conclusions à titre individuel, relate Raphaël Eulry. Ce rapport ayant fait état, en 2016, de VLEP supérieurs au seuil légal pour le chloroforme, la directrice des laboratoires a gardé ses conclusions pour elle, poursuit Raphaël Eulry. Une dissimulation qu'elle assume, "dédouanant la direction générale", et qui l'a conduite à démissionner, ajoute le directeur de la communication d'AC Environnement.

 

Pas encore de décision sur des poursuites judiciaires

 

 

L'entreprise, qui a informé ses équipes de ces faits, n'a pas encore pris de décision quant à d'éventuelles poursuites en justice contre son ancienne directrice des laboratoires. Mais elle a entamé au printemps dernier une procédure en justice afin qu'elle sorte du capital d'AC Environnement, dont elle détient une part "très faible" selon Raphaël Eulry. Qui ajoute que cette procédure doit "être assez vite finalisée."

 

Créée en 2002, AC Environnement emploie quelque 570 personnes et réalise un chiffre d'affaires annuel de l'ordre de 60 millions d'euros, indique le site internet de la société de capital-investissement Abenex, entrée au capital de l'entreprise en avril 2018.

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