Deux mois et demi après l'explosion de l'usine AZF de Toulouse, la réfection des 27.000 logements endommagés semble s'éterniser au grand dam des habitants et du gouvernement qui accusent les assureurs de faire traîner les procédures pour retarder le versement des indemnisations.

Deux mois et demi après l'explosion de l'usine AZF de Toulouse, la réfection des 27.000 logements endommagés semble s'éterniser au grand dam des habitants et du gouvernement qui accusent les assureurs de faire traîner les procédures pour retarder le versement des indemnisations.

Avec l'arrivée de l'hiver, les protestations des personnes sinistrées qui étaient restées limitées au lendemain de l'explosion se sont multipliées, devenant plus fortes et plus directes, et chacun se rejette la balle.

Ainsi, après avoir occupé les locaux toulousains des AGF, principal assureur de TotalFinaElf, les "sans-fenêtres" ont récemment reproché la lenteur des travaux de réfection au gouvernement français.

La réponse n'a pas été longue: mercredi matin, la secrétaire d'Etat au logement Marie-Noëlle Lienemann pointait du doigt les assureurs dans un entretien sur Radio Classique.

"Ce qui bloque aujourd'hui c'est essentiellement que les assurances n'ont pas dans tous les cas envoyé les experts. Or un certain nombre de propriétaires ont besoin de l'avis d'experts pour pouvoir engager les travaux faute, sinon, de pouvoir être remboursés", a-t-elle déclaré.

"Ce sont des reproches totalement infondés", a expliqué à l'AFP la Fédération française des sociétés d'assurances (FFSA).

"Fin octobre, 90% des assurés avaient reçu la visite d'un expert selon la Compagnie des experts agréés", a précisé Jean-Marc Lamère, délégué général de la FFSA.

Il a rappelé que pour un tiers des 60.000 à 80.000 dossiers, le passage d'un expert n'est pas nécessaire car le montant du devis est inférieur à 10.000 francs (1.524,5 EUR)

Selon lui, "les causes de difficultés sont nombreuses, notamment dans les copropriétés où le syndic doit obtenir la validation des copropriétaires pour engager des travaux et, souvent, ces derniers contestent les devis".

Les compagnies d'assurances ont aussi rejeté ces accusations en s'appuyant sur les dispositifs mis en place au lendemain de l'explosion pour accélérer le règlement des dossiers et avancent leurs chiffres.

Ainsi, sur les 6.200 dossiers ouverts aux AGF, "tous ont fait l'objet de la visite d'un expert et 3.000 sont réglés, c'est-à-dire que l'indemnisation complète a été versée", a indiqué Jacques Corpechot, secrétaire général d'AGF Assurances.

"Pour les autres dossiers, les assurés et l'ensemble des copropriétés ont reçu au moins 30% d'acompte sur le devis", a-t-il précisé.

Axa a définitivement réglé 3.200 de ses 6.600 déclarations de sinistres. L'assureur a mobilisé 120 experts sur le terrain et, au 4 décembre, avait versé 100 MF (15,24 M EUR) d'indemnisations, selon un courrier adressé le 10 décembre à ses sinistrés toulousains.

Chez MMA, qui chiffre son exposition à 76,22 M EUR, 500 des 1.386 dossiers sont clos et tous ont été expertisés. Maaf a réglé la majorité des 5.384 dossiers et, "ceux qui ne le sont pas, ont tous reçu une avance".

Sur les 1.400 dossiers d'Azur Assurances, 500 ont nécessité le passage d'un expert et 100% des visites ont été effectuées. Au 12 décembre, 85% de l'ensemble des sinsitrés ont reçu tout ou partie des indemnisations nécessaires.

"Ce n'est tout de même pas la faute des assureurs s'il y a des problèmes de matières premières, notamment une pénurie des huisseries et de vitrerie", a regretté un assureur.

Mercredi en début d'après-midi, la dizaine de manifestants qui occupait depuis mardi matin le château de Thierry Desmarest, Pdg de TotalFinaElf, à Montigny-la-Resle (Yonne), pour réclamer l'indemnisation des victimes de l'explosion de l'usine AZF et du naufrage de l'Erika, a quitté les lieux.

actionclactionfp