Chaque année, près de 20.000 personnes visitent le "Musée urbain Tony Garnier", un musée en plein air où des oeuvres peintes s'exposent sur les murs d'une cité ouvrière, réalisée par l'architecte lyonnais, mort en 1948.

"On est vraiment célèbres, on vient même nous voir de l'étranger", se réjouit Karim, 12 ans, observant une vingtaine d'étudiants chinois devant une fresque monumentale dans le quartier populaire des Etats-Unis, situé dans le 8e arrondissement de Lyon.
Environ 20.000 personnes visitent en effet chaque année le "Musée urbain Tony Garnier", un musée en plein air, gratuit et ouvert jour et nuit puisque ses oeuvres peintes s'exposent sur les murs d'une cité ouvrière, réalisée par l'architecte lyonnais, mort en 1948.

Lyon lui doit notamment l'hôpital Edouard Herriot, le stade de Gerland et ses abattoirs, dont subsiste l'immense halle Tony Garnier avec sa charpente métallique, un bâtiment qui accueille aujourd'hui concerts et expositions.

Les 25 fresques du "musée" recouvrent plus de 5.000 mètres carrés de la cité construite entre 1920 et 1933 et que Tony Garnier, ami du maire radical Edouard Herriot et admirateur d'Emile Zola, voulait idéale.
La plupart des peintures, consacrées à l'architecte, ont été réalisées en concertation permanente avec les locataires de la cité. Sept artistes internationaux, dont l'Egyptien Abdel Salam Eïd ou l'Américain Matt Mullican, ont également conçu des peintures monumentales.
Elles ont été peintes à partir de 1988 par les artistes lyonnais de la "Cité de la Création", auxquels Lisbonne, Jérusalem, Mexico ou Vienne doivent aussi des peintures murales. Cette expérience exceptionnelle a été récompensée en 1991 par l'UNESCO, qui a accordé au musée Tony Garnier le label de la "Décennie mondiale du développement culturel".

La cité Tony Garnier est un ensemble de 1.500 logements répartis dans de petits immeubles de cinq étages. Edifié à partir de 1920, il s'agissait des premières Habitations Bon Marché, des "HBM", qui ne deviendront des HLM qu'en 1948.

Les familles ouvrières du quartier, souvent rompues aux luttes sociales, avaient refusé au début des années 80 que l'office public des HLM détruise les immeubles devenus vétustes pour reconstruire du neuf.
Lily Eigeldinger, installée depuis 1933 dans la cité se souvient: "Raser coûtait moins cher que d'améliorer, et il a fallu se battre pied à pied". Des comités de locataires se sont alors créés et ils ont obtenu gain de cause."On a dû se bagarrer tout le temps, même pour garder bancs et pergolas, mais cela a soudé le quartier qui a toujours fait figure de village un peu à part", explique la passionaria octogénaire.

C'est aussi des habitants qu'est venue en 1988 l'idée d'un musée dédié à l'architecte. D'eux-mêmes, ils sont allés chercher des artistes pour réfléchir à un concept de réhabilitation culturelle. Ils ont interpellé alors avec succès la ville, le département et la région Rhône-Alpes ainsi que l'office des HLM pour créer une "cité culturelle" avec ses peintures murales. Une association est chargée de promouvoir ce site et de faire connaître au plus grand nombre l'oeuvre pionnière de Tony Garnier.

Selon Alain Chenevez, directeur du musée, "le développement artistique et culturel des quartiers populaires est une nécessité future de l'aménagement urbain. Elle contribue à requalifier les lieux, mais aussi à revaloriser les habitants".

A la cité Tony Garnier, où la population vieillit et où les plus jeunes sont souvent désoeuvrés, les nuits restent calmes et aucun jeune n'a jamais tagué un mur, précise une guide de l'association, qui attend un regain d'intérêt pour les "parcours découverte" organisés en fin de semaine.

Musée urbain Tony Garnier
19 rue Wakatsuki, 69008 Lyon
Tél: 04 78 01 05 29

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