CHANTIER. Dans le 13e arrondissement de Paris, deuxième terre d'accueil parisienne pour les logements sociaux, la réhabilitation de la Cité Glacière s'est servie du prétexte de rénovation énergétique pour créer de nouveaux logements et de nouveaux services à une population vieillissante.

A quelques pas du métro aérien du 13e arrondissement, non loin de la station Glacière, il faut pencher davantage sa tête pour apprécier l'ensemble de la Cité éponyme. Ce 18 mars 2019, la maire de Paris Anne Hidalgo, son adjoint au Logement Ian Brossat, et le maire du 13e arrondissement Jérôme Coumet venaient découvrir une première phase de rénovation énergétique de cette cité HLM, qui en a profité pour grandir de deux étages.

 

Dans cet ensemble social construit en 1965 et géré par Paris Habitat, près de 754 logements ont dû subir une importante rénovation énergétique menée par l'extérieur, en commençant par les parties communes. Cette opération d'envergure qui s'annonçait périlleuse pour les locataires historiques a cependant permis de créer 70 nouveaux logements, perchés sur les toits de la Cité Glacière.

 

Sous le pilotage de GTM, filiale de Vinci Construction, les logements réhabilités ont été livrés en juin 2018. La surélévation, menée en deux tranches, est une structure bois sur deux étages conçue par Arbonis, filiale de Vinci également. Côté rue Vergniaud, 29 logements sont encore en cours de réhabilitation. La maîtrise d'ouvrage de Paris Habitat s'est pour l'heure fixée comme objectif de baisser les consommations de 260 à 80 kWh/m²/an.

 

La rénovation de la Cité Glacière en quelques dates

 

Juin 2018: livraison de la première tranche de surélévation avec 35 logements, 9 ascenseurs et réhabilitation des logements (hors escaliers).

 

Février 2019: livraison du logement entresol (au pied de la tour non surélevée).

 

Juin 2019: livraison d'un local végétalisé sous la rampe PMR.

 

Juillet 2019: fin des travaux de la place côté rue Vergniaud, face au Théâtre 13.

 

Août 2019: livraison de la deuxième tranche de surélévation sur la rue Vergniaud avec 29 nouveaux logements.

 

Septembre 2019 Fin des travaux d'aménagement des espaces extérieurs sur l'ensemble de la Cité Glacière.

 

 

« C'est un exemple de ce que l'on peut faire en rénovant, en surélevant, sans surdensifier », a commenté l'édile parisienne. La surélévation, qui tord le cou aux idées reçues sur la construction de logements neufs à Paris, a également permis l'installation de 17 ascenseurs, profitant aux anciens comme aux nouveaux résidents. Une manière de répondre aux besoins d'une population vieillissante de locataires, échaudés par quatre années de travaux qui les ont ballotés d'un logement à un autre.

 

Une rénovation complexe en site occupé

 

Henri Fraysse, chef de service à la direction Réhabilitation de Paris Habitat n'a pas oublié cette période délicate où il fallu « travailler en site occupé, avec les nuisances que cela engendre, et une problématique d'amiante qui s'est ajoutée à cela ». Il a ainsi fallu dépolluer les murs, carrelages et autres faïences dont les colles et enduits contenaient des résidus de fibres toxiques.

 

Outre l'âge avancé du bâtiment, « des fenêtres fuyardes », « les appareils sanitaires vétustes » et « les nombreuses fuites sur les colonnes », ont motivé une opération de rénovation énergétique sur l'ensemble des logements et bâti, résume Henri Fraysse.

 

Le résultat final parvient presque à faire oublier la période de travaux aux habitants les plus âgés, à l'image de Jacques Ribes, doyen et mémoire vivante de la Cité Glacière, arrivé « à la Toussaint 1965 », se rappelle-t-il. « La période de travaux a été incontestablement dure, notamment pour les personnes âgées pour qui cela a été difficile à gérer sur le plan psychologique, mais on voit un véritable changement sur l'isolation thermique », confie cet ancien médecin généraliste qui dit avoir soigné « au moins le tiers de la cité ».

 

Dans ce quartier qui a tour à tour accueilli d'anciens déportés de Ravensbrück, rapatriés de la guerre d'Algérie et d'Arméniens exilés, « cela me console de voir qu'en plein Paris, on parvient encore à créer des logements supplémentaires et continuer d'assurer de la mixité sociale dans un arrondissement comme le 13e », confie Jacques Ribes.

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