PARIS 2024. La Cour administrative d'appel de Paris fait à nouveau machine arrière dans un dossier olympique. Après avoir suspendu le permis de construire initial, elle a en effet autorisé la reprise des travaux de la piscine d'entraînement à Aubervilliers, la mairie ayant proposé des changements au projet jugés satisfaisants.

C'est reparti ! Les travaux de la future piscine d'entraînement qui doit être construite sur la commune d'Aubervilliers pour les Jeux olympiques et paralympiques (JOP) 2024 vont pouvoir reprendre. C'est ce qu'a annoncé la cour administrative d'appel de Paris le 23 novembre 2021, après avoir pourtant suspendu le permis de construire en septembre 2021.

 

Comment expliquer ce retournement de situation ? Le deuxième de la juridiction après celui concernant les travaux du village des médias, à Dugny, interrompus en avril puis autorisés à reprendre trois mois plus tard après étude du dossier sur le fond.

 

Modifications du projet

 

En septembre, les magistrats estimaient notamment que le projet initial méconnaissait le plan local d'urbanisme intercommunal (PLUi), puisque ce centre nautique "comporte deux destinations distinctes", expliquaient-ils dans leur décision : un service public était associé à une zone commerciale - un espace de restauration - disposant d'une "totale indépendance fonctionnelle". Ce qui n'est pas permis dans cette zone par le PLUi.

 

Alors qu'une audience sur le fond était prévue en décembre, la Ville d'Aubervilliers a pris les devants et proposé un permis de construire modificatif et d'importants changements dans le projet. Par exemple, le restaurant est supprimé, remplacé par un espace "forme et bien-être".

 

Des gages suffisants

 

La cour administrative d'appel a estimé avoir reçu les gages nécessaires à la poursuite du projet. "Le juge des référés a accédé à la demande de la commune d'Aubervilliers et levé les effets de la suspension qu'il avait ordonnée le 20 septembre, ainsi que l'injonction de mettre fin aux travaux concernés. Les travaux du centre aquatique peuvent donc légalement reprendre", confirme-t-elle dans un communiqué.

 

Les modifications restent cependant insuffisantes pour les deux associations de défense de l'environnement et les trois jardiniers à l'initiative de la procédure en urgence. Les opposants continuent de dénoncer l'artificialisation des sols dans une zone densément peuplée. Ils demandent toujours la révision complète du projet, le solarium empiétant sur les potagers. Surtout, pour eux, ce revirement démontre que "la loi olympique, qui est au-dessus de tout, sacrifie la qualité de vie des populations concernées", déplore auprès de l'AFP Jean-Marie Baty, président du MNLE 93 (Mouvement national de lutte pour l'environnement).

 

Tenir le calendrier

 

Le chantier doit cependant désormais relever un défi majeur : celui de réussir, malgré ces rebondissements judiciaires, à s'inscrire dans un calendrier de travaux déjà serré. Impératif pour pouvoir répondre au titre d'ouvrage olympique, et donc obtenir les subventions de la Société de livraison des ouvrages olympiques (Solideo). Celle-ci doit apporter un tiers des 33 millions d'euros de budget.

 

De son côté, le Comité d'organisation des Jeux olympiques (Cojo) Paris 2024 se veut prudent, expliquant que la piscine sera utilisée pour l'événement sportif… si elle est prête.

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