Fraîchement élu à la tête de la Capeb, Patrick Liébus évoque pour Batiactu ses premières impressions de Président, ses liens avec l'ancien, les missions qui lui tiennent à cœur et aussi la problématique du photovoltaïque. Interview.

Batiactu : Une semaine après votre élection, quel est votre premier sentiment ?
Patrick Liébus : Celui d'avoir la chance d'être dans une très grande organisation. Elle a démontré ses capacités de continuité et d'adaptation au changement de la présidence, ce qui va permettre à la mission qui m'incombe à partir de maintenant de l'accomplir dans les meilleures conditions possibles. Je me suis rendu compte, depuis les nombreuses années passées à la Capeb, de la compétence et des valeurs de chacun des collaborateurs, ainsi que de l'exceptionnelle capacité d'adaptation. Enfin, l'équipe s'est mise de suite en marche pour apporter des réponses aux questions importantes pour nous face à la situation économique dans laquelle nous sommes. La priorité était de continuer et de n'avoir aucune interruption, et en une semaine, j'ai pu constater aucun moment de flottement.

 

Batiactu : Alors, quelle est votre analyse de la conjoncture actuelle ? Sommes-nous sortis de la crise ? Comment envisagez-vous l'activité de l'artisanat du bâtiment pour 2010 ?
P. L. : La baisse qu'on a connue l'an dernier va évidemment se poursuivre en 2010, mais sera beaucoup moindre. 2010 sera difficile, nos entreprises devront s'adapter à cette situation, et l'on peut penser que ce sera une année où l'on s'approchera d'une sortie de crise. La Capeb se doit d'être très vigilante et dans l'accompagnement de ses entreprises. L'emploi sera aussi sûrement malmené, si l'on se rapporte aux chiffres de Pôle Emploi de ce matin (jeudi 25/02, ndlr)… Le secteur du bâtiment, jusqu'à présent relativement protégé, sera impacté pour différentes raisons : les grosses entreprises du BTP se sont tournées vers les marchés des petites entreprises, ce qui va générer une baisse d'activité, donc des pertes d'emplois pour les artisans. L'accompagnement, qui passe par le maintien de l'outil de travail, passe aussi par la formation des dirigeants d'entreprises, de leurs salariés pour aborder les marchés porteurs du développement durable et de la gestion des économies d'énergie. Nous devons être opérationnels de suite.

 

Batiactu : Lors de notre dernier entretien, à l'occasion de votre élection, vous disiez « vouloir continuer en partie les chantiers de la Capeb ». Serez-vous l'homme de la rupture alors ?
P. L. : J'avais peut-être répondu un peu vite… Mais pour moi, il est hors de question de prendre en partie les chantiers de la Capeb. Je ne serai pas un président de rupture, mais de continuité ! Je conserve toutes les orientations que notre organisation a su poser tout au long de ces dernières décennies. J'amènerai une dynamique qui me correspond, celle du contact, où la décision doit se prendre après discussion. Ma méthode sera différente de celle du Président Lardin, forcément, les hommes sont différents. Mais, ce serait une erreur de ma part de parler de rupture !

 

Batiactu : Les chantiers en cours sont donc toujours d'actualité : Eco-artisans, Grenelle, TVA, auto-entrepreneur ?
P. L. : Je rappelle que la Capeb a été pionnière dans la démarche Eco-artisan. Elle nous est enviée, et risque d'être copiée, mais il est hors de question que l'on ralentisse quoi que ce soit dans cette démarche, qui sera au contraire accentuée. Je souhaite que l'on puisse donner à nos artisans l'envie d'être les VRP de cette marque, de façon à ce que l'on aboutisse à porter ces marchés liés à l'énergie. On assiste à une réelle montée en puissance de la démarche et de la marque. Même si sa gestion est désormais confiée à Qualibat, elle restera une marque de la Capeb. Il faut mettre l'accent sur les formations Feebat, qui préparent nos artisans aux marchés porteurs et nouveaux des économies d'énergie. L'artisanat vit dans le patrimoine, mais aussi dans le modernisme ! Préparons-nous à aborder ces marchés, la dynamique est lancée. L'avantage, c'est que nous sommes dans une confédération où nous décidons ensemble des chemins que nous devons suivre. Les sujets sont abordés, discutés, votés : le rôle du Conseil d'administration et du Président, c'est de les appliquer. En aucune façon, ce n'est de changer les décisions qui ont été prises en commun.
Autre thème, la TVA a été un des combats d'origine de la Capeb. Fin 2010, la France sera amenée à revoir à nouveau le taux de TVA de 5.5%, mais nous comprendrions mal que celui-ci change. Cela ne pourrait être que néfaste pour l'économie de nos entreprises et aussi pour l'économie globale du pays. Il ne faut pas négliger son impact sur les emplois créés ou sur la lutte contre le travail dissimulé… Pour nous, c'est un combat jusqu'à la dernière minute. La vigilance est de mise.
Concernant les auto-entrepreneurs, ce qui nous intéresse, c'est la réalité des chiffres annoncés. Il faut ainsi vérifier le nombre de ceux qui souhaitent s'inscrire en auto-entrepreneur et ceux qui réellement ont une activité en tant que tel. Mais aussi dénombrer ceux qui auront déclaré du chiffre d'affaires ! M. Novelli nous avait promis, lors d'un congrès de l'UPA, que certaines choses seraient faites concernant ce statut pour tenter d'atténuer nos inquiétudes. Résultat : rien n'est atténué, les inquiétudes sont toujours les mêmes et les auto-entrepreneurs peuvent toujours exercer dans les mêmes conditions. On a dès le départ demandé à ce que le bâtiment soit retiré du champ d'application du statut d'auto-entrepreneur. Souvent, on nous écoute, rarement, on nous entend ! Et il va falloir qu'on nous entende plus désormais ! Nous ne faisons pas de corporatisme, mais nous voulons rappeler que nos activités sont des activités responsables. On a voulu simplifier le statut de travailleur, ce qui est une bonne chose en soi. Mais à mon avis, on a abouti à un statut simpliste plutôt que simplifiant.

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