Un avis négatif de la commission d'enquête publique, rendu le 22 août, sur la réhabilitation des berges de Seine à Paris, soulève de nombreux points faibles comme ceux du périmètre "insuffisants" de l'enquête publique et l'intérêt public du projet pas avéré. En attendant le prochain Conseil de Paris, le 26 septembre 2016, la maire de Paris, décide de maintenir son projet.

Premier obstacle de taille pour le projet de réhabilitation des berges de Seine à Paris. Alors que la fermeture définitive de cette autoroute urbaine, inaugurée en 1967, de 3,3 km reliant le tunnel des Tuileries (Ie) et le port de l'Arsenal (IVe), interviendra dans les prochains jours, dans la foulée de l'événement Paris Plages, les auteurs de l'enquête publique sur la piétonnisation des berges rive droite ont rendu, 22 août 2016, un avis défavorable au projet approuvé par délibération le 1er décembre 2015 au Conseil de Paris. Ce dernier avait arrêté le projet d'aménagement en retenant le second scénario. Le premier consistait en la fermeture à la circulation automobile d'un tronçon de 1,5 km entre la rampe de sortie Châtelet et la rampe d'entrée avant le pont Sully.

 

Les voies sur berges rive droite
Les voies sur berges rive droite © Marc Verhille/Mairie de Paris

De nombreux arguments des opposants au projet repris dans le rapport

 

Les magistrats indépendants de la commission d'enquête mandatée, pour étudier la faisabilité du projet, ont finalement repris de nombreux arguments des opposants au projet, au terme d'un mois d'enquête, qui s'est soldé le 8 juillet 2016.

 

Si le rapport public daté du 8 août 2016 rappelle que le projet envisage "la fermeture à la circulation automobile de la section de la voie Georges Pompidou, comprise entre l'entrée du tunnel des Tuileries et la sortie du tunnel Henri IV, et l'aménagement de ladite section", soit 3,3 km de voies situées le long de la Seine, rive droite, la Commission délivre les points négatifs : "les 5ème, 6ème et 8ème arrondissements subiront un report de près de trois quarts des véhicules qui ne pourront plus emprunter les voies sur berges". Ces arrondissements subiront "nécessairement" des troubles importants liés à la hausse du trafic et à la pollution associée, ajoutent-ils.

 

De plus, les magistrats ajoutent sur ce rapport que la vocation de la voie George Pompidou est, depuis sa création, de permettre de traverser Paris d'Ouest en Est. Toutefois, "ni l'étude d'impact, ni les observations complémentaires (…), ne permettent de connaître l'importance des flux, la nature, la provenance et la destination des 43.000 véhicules qui empruntent cette voie quotidiennement".

 

Avant d'ajouter que les "éléments fournis à la Commission ne permettent pas d'anticiper et de mesurer précisément les conséquences de la mesure en termes de report du trafic et des nuisances engendrées (bruit, pollution...)." Par ailleurs, dans le même rapport, les personnes directement intéressées par la mesure (riverains) n'ont pu exprimer valablement leurs opinions ; l'intérêt public du projet n'est donc pas avéré.

 

Des arguments "caricaturaux" pour Anne Hidalgo

 

En attendant le prochain Conseil de Paris, le 26 septembre 2016, qui devrait être houleux sur le sujet, la maire de Paris a décidé de maintenir son projet "visant à valider définitivement le projet". Par voie de communiqué, elle a jugé que les arguments avancés par les commissaires enquêteurs "semblent tellement caricaturaux, si peu nuancés, que bon nombre de Parisiens risquent même de penser qu'il s'agit d'un rapport partial et à charge".

 

En revanche, la Région Ile-de-France "souhaite que la mairie de Paris sursoie à sa décision", a-t-elle indiqué dans un communiqué, le lendemain de la publication du rapport le 22 août. Cet avis consultatif "rejoint sa position (…) et doit être entendu", ajoute-t-elle.

 

Lire le rapport d'enquête publique, projet d'aménagement des Berges de Seine Rive Droite. en date du 8 août 2016.

actionclactionfp