C'est la préoccupation du moment pour les acteurs de la construction : la concurrence déloyale engendrée par l'arrivée massive d'ouvriers et d'entreprises espagnoles, italiennes ou portugaises dans les régions frontalières du pays. La Fédération du bâtiment est en alerte sur le sujet, souhaitant que ce problème soit pris à bras-le-corps par les politiques. Explications.

A deux jours de l'ouverture du congrès de la Fédération du bâtiment, le Président Didier Ridoret est sur le qui-vive. Il sait que le sujet de la main-d'œuvre étrangère sera au centre des débats. « Le dumping social ne cesse de s'amplifier. C'est un sujet important car il génère de la concurrence déloyale et aussi beaucoup d'animosité de la part des artisans et des entreprises », prévient-il d'emblée.

 

En cause ? La crise qui frappe durement le secteur du BTP espagnol et italien. La précarité et le taux de chômage qui ne cesse de s'accroître poussent Espagnols, Portugais et Italiens à venir chercher du travail côté français, notamment dans le Sud-Ouest et sur la Côte d'Azur. Au grand dam des professionnels régionaux… « Les Portugais sont aujourd'hui à Bordeaux dans le bâtiment. Dans les TP, nous observons, depuis 5 ou 6 mois, une montée en puissance au Pays basque et dans le Béarn d'entreprises espagnoles de TP pratiquant des prix très bas. Le Smic espagnol est de l'ordre de 640 € mensuels. Normalement, pour travailler en France, ces entreprises devraient appliquer le Smic horaire français et cela ne peut pas être le cas vu les prix pratiqués, qui sont anormalement bas », s'insurge Christian Surget, président de la Fédération régionale travaux publics (FRTP) d'Aquitaine, cité dans les colonnes des Echos.
A la frontière italienne, la situation est identique. « C'est un phénomène qui prend désormais de l'ampleur sur les gros marchés privés et publics, nous indique la Fédération du bâtiment des Alpes-Maritimes. Ce que nous souhaitons, c'est l'application de la loi, que toutes les entreprises soient logées à la même enseigne, qu'elles aient les mêmes règles du jeu, les mêmes charges. On n'est pas contre une concurrence, encore faut-il qu'elle soit saine ». A titre d'exemples, le quotidien économique cite la rénovation/extension de l'hôpital de Sospel (06), pour un montant de 26 M€, attribué récemment au groupe Pizzarotti, n°4 du BTP en Italie. Basé à Parme, la société a ouvert un bureau de représentation à Marseille et compte faire une offre prochainement pour le chantier de la ligne 2 du tramway de Nice !

 

La faute aux maîtres d'ouvrage publics ?
« Il faut régler ce problème, mais pour y arriver, il faut une volonté politique », soutient Didier Ridoret. Qui entend bien obtenir l'appui du gouvernement pour prendre cette voie. Si le Président de la FFB n'a pas voulu trop développer ce thème du dumping social, qui sera un des principaux sujets du Congrès (cf. encadré page 2) qui se tient ce jeudi à Perpignan, il a toutefois évoqué quelques pistes de réflexion : augmentation des contrôles ou encore sensibiliser les maîtres d'ouvrage publics. En effet, ce sont eux que visent en premier lieu la Fédération, estimant qu'ils font baisser les prix.

 

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