Si les marchés publics sont soumis aux règles européennes, c'est-à-dire que toute entreprise européenne a le droit de travailler sur le sol français, la FFB pointe davantage du doigt les collectivités locales « qui profitent de la situation pour tirer les prix vers le bas. C'est au maître d'ouvrage français de s'assurer que les lois de la concurrence sont bien respectées de même que les obligations sociales », reconnaît Bruno Dumas, président de la commission sociale de la FFB, interrogé par le quotidien Les Echos. « Il est très difficile en effet pour l'inspection du travail en France - qui manque de moyens - de procéder à des contrôles sur les sociétés étrangères qui oeuvrent sur notre territoire. Ce qui alimente l'opacité du problème », renchérit la FFB Alpes-Maritimes.
Du côté de la Capeb (Confédération artisanale des petites entreprises du bâtiment), on entend le même son de cloche. « Sur le département des Hautes-Pyrénées, on constate que des entreprises de BTP sous-traitent avec du personnel venu d'Espagne ou du Portugal. Cela pose un vrai problème de concurrence déloyale », nous indique le président de la Capeb locale, Manuel Duarte. Qui constate également des difficultés dans la logique d'emploi et de chômage dans un département fortement sinistré. Outre les individus, il pointe du doigt les matériaux de construction qui viennent "par camions entiers" d'Espagne et du Portugal, qui sont soumis à des charges sociale et des taxes bien moindres qu'en France.

 

Enfin, sur un ton alarmiste, Didier Ridoret évoque ce scénario : « Si l'on s'oriente sur la voie du dumping social, les entreprises finiront pas jeter l'éponge et par prendre la même voie. Elles auront de plus en plus recours à une main-d'œuvre à bas coût, les prix chuteront - comme certains maîtres d'ouvrage publics le souhaitent. Néanmoins, quid de nos groupes de prévoyance et de retraite, de la sécurité sur les chantiers, de la qualité, de l'apprentissage, de la formation initiale, des jeunes et des femmes. Autant de sujets pour lesquels nous nous battons au quotidien. Ce ne sera donc pas sans conséquence ».

 

La FFB, qui désire veiller à la bonne exécution des marchés publics, lutte depuis plusieurs mois contre les offres anormalement basses (OAB). Avec l'Association des Maires de France (AMF), elle a ainsi signé une charte dans certains départements, qui met l'accent sur le rôle majeur de l'industrie du bâtiment dans l'économie locale et sur l'influence et la responsabilité des élus locaux en leur qualité de maître d'ouvrage publics. Un accord qui prend désormais toute sa mesure…

 


La FFB tient son congrès à Perpignan
Hasard ou prémonition, le congrès de la Fédération française du bâtiment se tiendra à partir de jeudi 14 juin, à Perpignan, une des villes les plus touchées par le problème du dumping social. Ce thème sera d'ailleurs largement abordé au cours de ces deux jours de réunion.
Dans un contexte économique chahuté, où l'inquiétude prévue sur le 2e semestre 2012 est déjà perceptible, le président Ridoret souhaitera faire valoir la prudence et l'adaptation. « L'outil de production doit se poser les bonnes questions, afin de rester en phase avec le marché », explique-t-il. « Il faudra rester extrêmement prudent en ce qui concerne les financements des entreprises, quelle que soit leur taille. On est bien persuadé que la contraction des banques en termes de volumes aura des conséquences sur notre secteur, qui est mal noté et donc dans leur collimateur », ajoute-t-il. Réduire la voilure, éviter de dépenser doivent donc être les actions de demain. « Nous sommes clairement dans une configuration de contraction d'activité », assène Didier Ridoret.

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