TENDANCE. La consommation d'électricité solaire localement produite va crescendo en France. Les professionnels du secteur se placent les uns après les autres sur ce créneau au moyen d'installations particulières, de solutions de stockage ou de logiciels d'évaluation des ressources. Tour d'horizon de différents produits et projets portés par les entreprises.

L'autoconsommation photovoltaïque prend de l'importance dans l'Hexagone. Un projet de loi, présenté en Conseil des ministres par Ségolène Royal à la mi-octobre, vise à faciliter le déploiement de ces solutions par les gestionnaires de réseaux électriques, qui seront moins sollicités et nécessiteront donc moins d'investissements. Déjà, l'entreprise française DualSun s'enthousiasme par les possibilités offertes par le compteur communicant Linky, qui intègre une fonction de comptage dans les deux sens, consommation et vente d'électricité. Aujourd'hui, nombre d'autres industriels se positionnent sur ce marché, appelé à un fort développement.

 

 

L'Allemand SolarWatt, par exemple, a profité du salon Energaïa de Montpellier pour présenter des solutions clé-en-main pour l'autoconsommation intégrant un système de stockage par batterie lithium-ion. Destinée au résidentiel, MyReserve permet de produire et de consommer plus efficacement l'énergie solaire d'une maison pour améliorer son indépendance énergétique. La solution se décline en différentes capacités de stockage, allant de 2,2 kWh jusqu'à 8,8 kWh, gérée par un système "intelligent" sensé augmenter la durée de vie de la batterie et sécuriser l'ensemble. Outre une installation et une mise en service rapide - par des professionnels certifiés SolarWatt - la société met en avant une grande fiabilité et l'atteinte des objectifs d'autoconsommation fixés par la dizaine de systèmes pilotes déployés en France.

 

Au-delà de l'individuel, le collectif et le tertiaire

 

Son compatriote et concurrent SolarWorld, qui se présente comme l'un des leaders mondiaux du secteur du photovoltaïque, dévoile également différents projets où ses produits sont utilisés pour couvrir les consommations électriques de bâtiments. Mais loin de se limiter à la maison individuelle, il s'adresse également au petit collectif, aux édifices d'enseignement et aux espaces commerciaux. En plein cœur de Paris, il a participé à la transformation d'un immeuble d'habitation et de bureaux pour le faire basculer dans l'autoconsommation. "Suite à la rénovation énergétique de ce bâtiment historique construit au 19e siècle, le propriétaire a réalisé une installation photovoltaïque de 90 m² avec 55 panneaux solaires SolarWorld", précise la société. La production des modules bi-verre est ensuite gérée par une solution de gestion maison, nommée MyLight Systems : "Suivant l'heure de la journée, 50 à 80 % de la consommation énergétique sont couverts par l'électricité solaire. Grâce à l'autoconsommation d'environ 12.000 kWh d'électricité solaire par an, les coûts énergétiques de l'immeuble baissent considérablement, ce qui profite directement aux locataires".

 

SolarWorld poursuit sa démonstration de l'intérêt de l'autoconsommation solaire avec l'évocation de la région Centre-Val de Loire, où pas moins de seize lycées utilisent déjà des installations solaires pour couvrir leurs besoins. "Dans le cadre d'un projet pilote mené par le Conseil régional, les établissements scolaires ont installé sur leurs toits des systèmes photovoltaïques de 20 kW chacun, leur permettant ainsi de consommer 99 % de l'énergie produite", annonce l'industriel allemand. Quant aux bâtiments commerciaux, occupés en journée au moment où les panneaux produisent de l'électricité, ils sont également au premier plan des préoccupations de la société qui vient d'inaugurer un immense installation sur une grande surface E.Leclerc de la région bordelaise (voir la photo). Les ombrières du parking ont été couvertes de capteurs d'une puissance totale de 500 kWc, produisant 580 MWh de courant par an. "99 % de l'électricité solaire seront consommés par l'hypermarché, ce qui lui permettra de bénéficier d'une réduction à deux chiffres de sa consommation énergétique et de baisser le montant de sa facture d'électricité". Il est d'ores et déjà prévu que trois autres magasins de l'enseigne soient équipés de la même façon en 2017.

 

Vers un cadastre solaire ?

 

 

Avant d'implanter un système solaire photovoltaïque couvrant les consommations énergétique d'un bâtiment existant, il pourra être utile d'évaluer le potentiel de production de sa toiture. C'est exactement ce que propose la startup française In Sun We Trust qui vient de lancer sa nouvelle application Web, dont un prototype a été testé depuis la fin de 2015. Elle s'appuie sur une technologie avancée reposant sur des modèles numériques tridimensionnels construits par l'Institut national d'information géographique et forestière (IGN). David Callegari, le président et co-fondateur de la jeune pousse, précise : "Le simulateur peut, par exemple, détecter automatiquement si une toiture est orientée sud-est, avec une inclinaison de 30°. Il peut aussi prendre en compte l'ombrage que l'église voisine ou la cheminée génèrent sur la toiture". Nantes Métropole a notamment expérimenté ce service de "cadastre solaire" pour évaluer la ressource urbaine et ainsi accélérer le déploiement de moyens de production d'énergie renouvelable en encourageant sa population à s'équiper.

 

La jeune pousse française, identifiée "Greentech verte", souhaite désormais aller encore plus loin et nouer des partenariats avec des établissements bancaires. L'objectif sera de proposer des prêts attractifs aux utilisateurs du service pour investir dans des systèmes solaires. David Callegari poursuit : "Nous souhaitons aussi développer le volet assurance. Par exemple, nous aimerions aller vers une garantie de production, avec un système de remboursement si la quantité de kWh produite est inférieure à celle calculée". Une autre façon de promouvoir l'électricité durable auprès des consommateurs.

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