Le Cercle des partenaires du patrimoine s'attache, depuis plus de quinze ans, à mettre le savoir-faire scientifique et les innovations technologiques au service du patrimoine. A l'occasion d'une conférence «illustrée» par une visite de la ville de Grenoble, le Cercle a souhaité présenter les résultats de programmes de recherche menés en partenariat avec Vicat.

Le patrimoine a ceci de singulier que le plaisir qu'il procure au regard tient aussi à sa fragilité et aux traces laissées par le temps, mais celles-ci représentent un risque grave pour sa survie. C'est pourquoi le Cercle des partenaires du patrimoine, créé à l'initiative du ministère de la Culture et de la Communication et associant des laboratoires publics et des entreprises privées, telles que Vicat, groupe cimentier spécialisé dans la fabrication de ciments naturels, permet d'étudier les différents matériaux constitutifs du patrimoine afin de lutter contre les altérations qui les affectent.
Ainsi, et au travers d'une visite de la ville de Grenoble, dont les exemples d'applications de ciments naturels sont nombreux, le Cercle montre, entres autres, des exemples concrets de leur utilisation mais aussi des altérations qu'ils subissent. Un passage nécessaire afin de mieux comprendre les différents résultats de recherches.

Adhérence et appétence des systèmes de réparation

Une des premières recherches abordée concerne l'importance de la préparation du support. En effet, la compatibilité, ou appétence, entre un système de réparation et le béton support est définie à partir des propriétés du support et de la couche d'apport ainsi que de l'environnement dans lequel le contact est créé. «Elle s'exprime habituellement en termes de variations dimensionnelles, de perméabilité et de propriétés chimiques et électrochimiques», souligne Luc Courard, du département Argenco, Gemme Matériaux de Construction de l'université de Liège et expert dans le domaine de la réparation. Ces propriétés sont évoquées ou développées pour chacun des matériaux mis en présence : rugosité, porosité, cohésion superficielle et eau interstitielle pour le béton, et retrait, fluage, rigidité pour les produits de réparation. Trois conditions fondamentales nécessaires et suffisantes au développement de l'adhérence en tant que signe de la compatibilité entre matériaux sont évoquées et illustrées pour le cas particulier de la préparation de surface : sablage, burinage, hydro démolition, marteau piqueur… ont un effet spécifique non seulement sur la rugosité, et donc l'accrochage mécanique du système de réparation, mais aussi sur la cohésion de la couche superficielle du béton. A noter que ces travaux présenté par Luc Courard ne font pas partie des recherches du Cercle.

 

Caractérisation des ciments naturels du XIXème siècle
De plus, Emmanuel Cailleux, ingénieur de recherche au Centre scientifique et technique de la construction, a abordé le thème de la caractérisation des ciments naturels du XIXème siècle en région Rhônes-Alpes et de leurs altérations. "Les ciments naturels isérois furent parmi les premiers ciments fabriqués en France", explique-t-il. Produits en grande quantité entre le milieu du XIXème siècle et le début du XXème siècle, ils furent très largement utilisés dans la construction d'édifices. Ces ciments ont notamment permis la fabrication d'éléments moulurés, aussi appelés «pierre factices», imitant la couleur et la texture de la pierre de taille. «Aujourd'hui, très peu de données sont disponibles sur ces premiers ciments, tant sur leurs techniques de fabrication que sur leur mise en œuvre ou leurs altérations", souligne Emmanuel Cailleux. A partir de ce constat, un programme de recherche de trois ans, dédié à l'étude de ces matériaux, a en effet, débuté en 2002 au sein du Cercle des Partenaires du Patrimoine. Dans une première phase, un inventaire des édifices et des altérations a été réalisé, puis une caractérisation des ciments naturels anciens et de leurs mécanismes d'altération a été menée. Ces analyses constituent une première étape au développement de mortiers de réparation compatibles pouvant permettre d'assurer des restaurations durables et une conservation de l'aspect d'origine du matériau ancien.

Mortiers de réparation

Enfin, autre étude traitée lors de cette journée, celle concernant les mortiers de réparation compatibles avec le patrimoine en ciment naturel de la région Rhône-Alpes. Ainsi, «lors d'un premier programme de recherche consacré à l'identification et aux altérations des ciments naturels de la région Rhône-Alpes, des propositions de performances de mortiers de réparation avaient été avancées», explique Myriam Bouichou, ingénieur de recherche au Cercle. Ce projet a eu pour objectif de rechercher des mortiers de réparation compatibles avec les altérations précédemment identifiées. La première étape a consisté en un recensement des produits de réparation commercialisés et à la formulation de mortiers de réparation spécifiques en collaboration avec la société Vicat. Ensuite, les mortiers de réparation retenus ont été caractérisés, et leurs performances ont été comparées avec les données précédemment obtenues sur les bétons anciens. «Parallèlement, des essais de compatibilité ont été réalisés sur des dallettes fabriquées avec une formule de béton datant du XIXème siècle et artificiellement altérées», précise Myriam Bouichou. Ainsi, les résultats de ces essais ont permis d'identifier les mortiers de réparation présentant le meilleur compromis entre propriétés mécaniques et physiques et compatibilité mortier-support.

 

Toutes ces études sur les matériaux du patrimoine construits, leurs altérations spécifiques et leurs techniques permettent donc d'en assurer une meilleure préservation dans le temps.

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Le lycée est inauguré pour la rentrée d'octobre 1887 au milieu de beaucoup de critiques

Lycee champollion grenoble
Lycee champollion grenoble © A.M.
Les critiques portaient sur le dépassement financier, les autres sur son architecture qualifiée "de séchoir à tabac" voire "d'hôpital d'incurables".

Pilier

Lycee champollion grenoble
Lycee champollion grenoble © A.M.
Phénomène d'écaillage associé à des croûtes noires au niveau des piliers du lycée Champollion de Grenoble.

Eglise Saint-Louis

Eglise grenoble
Eglise grenoble © A.M.
Achevée en 1699, l'église Saint-Louis correspond à l'église paroissiale de la Ville nouvelle de Grenoble. Son imposante architecture surprend dans ce petit quartier central.

Situé 50 mètres environ après l'église

Immeuble grenoble
Immeuble grenoble © A.M.
Réalisé à la fin du XIXème siècle, ce singulier immeuble aux éléphants et aux dauphins est totalement recouvert de décors en ciment moulé. Même les briques sont fausses.

Hôtel des Trois Dauphins ou Grand Hôtel de Grenoble

Hotel grenoble
Hotel grenoble © A.M.
Exemple d'encadrement de fenêtres en ciment naturel sur l'hôtel des Trois Dauphins qui a abrité Napoléon, Stendhal...

Entrée de l'école d'architecture de Grenoble

Ecole archi grenoble
Ecole archi grenoble © A.M.
Détail de la façade de l'école d'architecture en ciment naturel.

Appelé également pissotière...

Urinoire grenoblois
Urinoire grenoblois © A.M.
Cours Jean Jaurès, place Verdun ou encore Quai de France, on trouve à Grenoble des urinoirs publics à l'air libre en ciment. Ces derniers se nomment aussi pissotière ou vespasienne et ont été créés en 1834.

Plaque de ciment

Vicat
Vicat © A.M.
La Société des Ciments Vicat est une entreprise cimentière fondée par Joseph Vicat, fils de Louis Vicat, en 1853 à Vif près de Grenoble.

Eglise Saint-Bruno de Voiron

Eglise grenoble
Eglise grenoble © Laboratoire de recherche des monuments historiques
Eglise Saint-Bruno de Voiron de Grenoble.

Détail de ciment de l'église Saint-Bruno de Voiron

église
église © Laboratoire de recherche des monuments historiques
Une des parties de l'église en ciment naturel.