INTERVIEW EXCLUSIVE. C'est en "contrôleur" et "aiguilleur" et non comme "Père Fouettard" que Thierry Repentin, délégué interministériel à la mixité sociale dans l'habitat, nous explique sa feuille de route fixée par Matignon pour relancer la construction. Entretien.

Batiactu: Depuis la création de la Commission nationale de l'Aménagement, de l'Urbanisme et du Foncier (CNAUF), le 29 juillet 2014, vous multipliez les visites sur le territoire pour piloter les opérations liées aux ventes de terrains à des prix décotés, c'est-à-dire moins chers que les prix du marché. Concrètement, quel est votre rôle ?
Thierry Repentin :
Je me suis rendu, en effet, la semaine dernière à Bordeaux, à Lyon, et également à Viroflay (Yvelines). Lors de ces déplacements, j'ai rencontré les représentants de l'Etat dans les régions pour les mobiliser sur la question du foncier mais également pour aborder la mission qui m'est confiée sur la mixité dans l'habitat.

 

Mon rôle est de m'assurer qu'il puisse y avoir une offre de logements diversifiée sur l'ensemble du territoire. Tous les ministres chargés de la politique de la Ville ont cherché à résoudre un problème lié à un urbanisme monofonctionnel, c'est-à-dire lié à de grands quartiers d'habitat sociologiquement déséquilibrés dans le sens où ces grands quartiers ont été conçus uniquement à partir du locatif social. Aujourd'hui, dans le cadre de la politique de la Ville, on cherche à insérer dans les quartiers des commerces, une activité économique, mais également à faire venir de la propriété privée par des dispositions permettant de désenclaver le quartier.

 

"La loi SRU a fait bouger les lignes, y compris politique"

 

Batiactu : Concrètement, comment cela va-t-il se traduire sur le terrain au travers de la loi relative à la Solidarité et au renouvellement urbain (SRU) qui fêtera ses quinze ans le 13 décembre prochain ?
Thierry Repentin :
Effectivement, ma mission est bien de m'assurer que la loi SRU continue à être appliquée et partout ! Or, on observe que 450.000 logements ont été réalisés sur des communes dont certaines étaient réticentes, il y a quinze ans, pour accueillir du logement social. C'est donc un succès. Et globalement, l'article 55 de la loi SRU (Ndlr : où le parc social locatif doit désormais y représenter au moins 20 % ou 25 % du stock total de résidences principales) a fait bouger les lignes y compris politiques !

 

D'ailleurs, sur les 1.022 communes déficitaires sur la période 2011-2013, 615 ont atteint ou dépassé leurs objectifs, tandis que 387 affichaient un retard par rapport à leurs objectifs. Sur ces 387 collectivités, l'Etat a qualifié 222 d'entre-elles comme faisant l'objet d'une situation de carence.

 

 

Batiactu : Que cela signifie-t-il ?
Thierry Repentin :
L'Etat estime que tout n'a pas été mis en œuvre pour permettre la création de logements accessibles à tous. C'est pourquoi dans ces communes "carencées", les sanctions financières sont plus élevées et l'Etat peut se substituer aux maires pour produire du logement social. Dans le cadre du projet de loi Egalité et Citoyenneté, les sanctions envers les communes carencées pourraient être renforcées. Ce sera au Parlement d'en débattre dans les mois qui viennent.

 

Découvrez dès la page 2, la suite de l'interview exclusive de Thierry Repentin, délégué interministériel à la mixité sociale dans l'habitat et président de la Commission nationale de l'Aménagement, de l'Urbanisme et du Foncier (CNAUF).

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