La Commission de régulation de l'énergie (CRE) préconise la révision du mécanisme de soutien à l'énergie éolienne, soulignant que la filière et la technologie seraient matures et les projets parfois excessivement rentables aux dépens des consommateurs dont la facture est impactée par la CSPE. Explications et réaction du SER.

"La filière éolienne terrestre est une filière mature, présentant de bonnes conditions de concurrence entre les acteurs", estime la CRE dans un rapport publié ce jeudi 17 avril 2014 et qui porte sur les coûts et la rentabilité des énergies renouvelables en France. Le régulateur de l'énergie ajoute : "Les parcs éoliens à terre sont majoritairement financés via un financement de projet classique, avec un effet de levier qui peut parfois conduire à des rentabilités très significatives pour les actionnaires", voire "excessives".

 

Une rentabilité pas si élevée ?
La CRE considère dans son étude un coût moyen pondéré du capital (CMPC) de référence de 5 %, correspondant à la rentabilité minimale que les producteurs éoliens attendent de l'exploitation de leur parc. Le SER rétorque : "L'analyse économique menée par la CRE met en évidence l'existence de situations très diverses en termes de rentabilité, en fonction des conditions de vent observées sur les parcs audités", rappelant au passage que l'étude repose sur des données de parcs entrés en service entre 2007 et 2012 et présentant des gisements de vent compris entre 1.500 et 3.900 heures. Or, "les parcs éoliens bénéficiant de conditions de vent exceptionnelles (plus de 2.900 heures par an) et pour lesquelles des rentabilités supérieures à 10 % sont constatées, ne correspondent plus aux projets développés actuellement", précise le syndicat. Les emplacements les plus avantageux, situés près des côtes ou dans la vallée du Rhône, seraient déjà tous exploités, ne permettant plus aux futures fermes éoliennes d'espérer une ressource aussi abondante.

 

Le régulateur estime également que le coût d'investissement, dont le prix des éoliennes représente les 3/4 du montant, suivrait une tendance baissière correspondant à "une technologie éprouvée qui fait l'objet d'améliorations continues". Mais le SER prévoit que les coûts d'investissement ne diminueront pas dans un avenir proche, malgré l'augmentation de la taille et de la puissance des machines installées. Au contraire même, les professionnels anticipent une hausse du coût des opérations de raccordement au réseau, supportées par les producteurs, de l'ordre de +55 % d'ici à 2016.

 

Généraliser les appels d'offres
Dès lors, comment continuer à soutenir le développement de la filière éolienne terrestre ? A l'heure actuelle, le dispositif en place consiste à obliger EDF à acheter l'électricité produite par les turbines, à un tarif supérieur à ceux du marché. Le surcoût engendré est répercuté aux consommateurs finaux d'électricité par l'application d'une Contribution au service public de l'électricité (CSPE) dont la moitié du montant environ correspond au soutien des énergies renouvelables. Pour 2014, la CSPE totale devrait représenter près de 6,2 Mrds € dont 3,2 Mrds pour les EnR, le reste correspondant aux surcoûts de production et d'achat d'électricité dans les zones non interconnectées (îles) ainsi qu'aux surcoûts liés aux dispositions tarifaires sociales. La CRE préconise de préférer le système des appels d'offre plutôt que celui du tarif d'achat unique. Elle prévoit aussi de revoir la structure de ce dernier et de le réviser régulièrement "afin de refléter le niveau des coûts".

 

De son côté, le SER propose d'autres pistes pour améliorer la compétitivité de l'éolien terrestre : "Diminuer significativement l'imposition et la fiscalité locale afin de réduire leur part dans le coût de production complet. Réviser les règles relatives au partage des charges entre producteurs et gestionnaires de réseaux pour les coûts de raccordement. Accélérer la durée de réalisation des projets en modernisant les procédures administratives et en encadrant les contentieux pour permettre de réaliser des gains sur les coûts de développement et les frais juridiques". La généralisation des appels d'offre ne semble pas faire partie des idées développées par les professionnels qui redoutent une baisse significative des taux de rentabilité, à l'image de ce qui s'était passé dans le solaire photovoltaïque lors de la mise en œuvre d'une tarification dynamique, évoluant de façon trimestrielle à la baisse en fonction du nombre de raccordements, et de procédures d'appels d'offres récurrentes.

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