Installé en France depuis plus de quinze ans, Dietmar Feichtinger dirige une agence d'architectes de 25 personnes natives de treize pays différents. Une diversité qui s'inscrit aussi dans le style architectural des bâtiments scolaires, logements ou autres passerelles créées par l'équipe de l'architecte, qui privilégie le mélange des corps d'état et le travail de la structure. Portrait.
L'architecture de Dietmar Feichtinger, c'est un peu un pont entre deux rives. Au sens littéral d'abord, puisqu'il a été l'auteur depuis plusieurs années de nombreux ponts avec au dessus de la Seine à Paris la passerelle Simone de Beauvoir ; entre la France et l'Allemagne, la passerelle des Trois Pays ; ou encore au Mont Saint-Michel en offrant aux touristes un passage vers le rocher. Mais cet architecte né en Autriche, qui a monté son agence à Paris il y a une quinzaine d'années, revendique également l'association entre la structure et l'esthétisme, entre le geste architectural et l'ingénierie se cachant derrière chaque projet.
Une architecture moins cadrée
Pour autant, Dietmar Feichtinger refuse d'être catalogué comme un «architecte des passerelles» et aime parler de ses autres projets. Centre culturel, groupe scolaire ou logements, tous sont conçus dans un même esprit : «Je m'intéresse beaucoup à la manière de construire, je ne fais pas la distinction entre architecte et ingénieur», explique t-il. «Le geste architectural rend l'ouvrage plus complexe, mais il y a toujours derrière une technique qui permet de le faire». Une influence autrichienne, car dans ce pays «l'image de l'architecte est moins cadrée, son travail est différent. L'architecte prend aussi place dans la définition technique du projet. Il peut ainsi soumettre des produits».
Une préoccupation que l'on retrouve dans certains de ses projets, tel le groupe scolaire récemment terminé à Taufkirchen, en Autriche, où la construction est apparente : les dalles porteuses ont été mises à nu et il n'y a pas de faux plafond. «Le Centre Pompidou à Paris a permis de mettre cela en valeur, en exposant les tripes du bâtiment : c'est la structure qui dessine l'ouvrage. D'ailleurs, les ponts sont fascinants car on ne voit que cela, et l'on a aussi plus de liberté au niveau structurel».
Finesse
Dietmar Feichtinger observe d'ailleurs que cette préoccupation est grandissante en France, et de manière générale en Europe. Un intérêt porté selon lui par la place de plus en plus importante occupée par les questions environnementales. «Petit à petit les métiers se rapprochent, il y a une plus grande sensibilité à l'aspect technique car on doit savoir le maîtriser. Souvent l'efficacité structurelle n'est pas le premier but de l'architecte. Mais la recherche de la finesse amène à des solutions techniques innovantes».
Passerelle Simone de Beauvoir, Paris
Paris
Pour cet ouvrage, l'architecte a été lauréat du concours européen du pont-passerelle.
Passerelle Simone de Beauvoir
Paris
Passerelle des Trois Pays
Au dessus du Rhin, entre Weil-am-Rhein (Allemagne) et Huningue (France).
Centre universitaire de Krems
Autriche
Centre universitaire de Krems
Autriche
Groupe scolaire
Taufkirchen, Autriche
"Le projet se distingue par la lisibilité de ses unités fonctionnelles et par la qualité de sa relation à l'espace naturel et la rivière Pram", explique Dietmar Feichtinger.
Groupe scolaire
Taufkirchen, Autriche.
Salle de musique.
Centre culturel
Weiz, Autriche 2005
"La prise en compte du tissu environnemental assure l'intégration harmonieuse du bâtiment dans la ville d'un point de vue fonctionnel et formel", indique l'architecte.
Passerelle Valmy
La Défense (92)
Dietmar Feichtinger attache une grande importance à la structure de ses oeuvres.
Passerelle Valmu
La Défense (92)
Longue de 90 mètres, la passerelle Valmu est posée sur le quai parvis du deuxième étage de la tour Granite, dans le quartier d'affaires de La Défense. Elle s'enroule autour de la tour de la Société Générale au-dessus de la rampe Valmy pour atteindre le sol de la dalle.