L'application de contrôle des travailleurs sur chantier Bativigie a connu un contretemps dans son déploiement en raison de l'arrivée de la carte BTP. Frédéric Pradal, le président directeur général de la société, nous dévoile les raisons de ce souci et les futurs développements de sa solution.

Le déploiement de la carte BTP a démarré au printemps 2017 et s'est poursuivi au cours de l'été, jusqu'à la fin du mois de septembre, pour la dernière zone de l'Hexagone (Île-de-France et départements d'Outremer). Cette opération de très vaste ampleur aurait dû profiter à la petite société Bativigie, qui a développé une application de contrôle des salariés sur un chantier, et qui s'interface tout naturellement à la nouvelle carte d'identité professionnelle. Mais il n'en a pas été ainsi, comme nous le relate Frédéric Pradal, le p-dg de l'entreprise : "Nous avons au contraire été retardés par la carte BTP. Les maîtres d'ouvrage ont confondu les deux choses, en pensant que la seule carte suffisait. Mais Bativigie permet justement de contrôler ces cartes ! Car cette dernière ne dédouane pas de la vérification de tous les salariés employés de façon directe sur un chantier".

 

 

La solution informatique, déployée sur tablettes et téléphones, incorpore donc bien l'usage de la carte BTP, qui sert à identifier les personnes présentes sur place. Ceci afin de lutter contre le travail détaché illégal, ce que Frédéric Pradal appelle "le dumping social". L'application est donc susceptible d'être employée par n'importe quel bureau de contrôle, à l'image des principaux qui l'ont déjà adopté (Dekra, Veritas, Socotec, Qualiconsult, Apave, BTP Consultant…). La prise en main a d'ailleurs été étudiée par Bativigie qui met à disposition des contrôleurs une vidéo tutorielle explicative lors de la création d'un compte utilisateur.

 

Mieux encadrer les contrôles et sécuriser les données

 

 

De nouvelles fonctionnalités ont par ailleurs été ajoutées, comme la géolocalisation intégrée. "C'est utile pour les chantiers étendus de travaux publics, pour des infrastructures routières ou ferroviaires par exemple, où les travailleurs peuvent être répartis sur des kilomètres", nous précise le p-dg. Il ajoute : "C'est également pour être sûrs que les contrôles ont bien été faits sur le terrain et pas complaisamment en cinq minutes depuis un bureau". De quoi apporter de la confiance aux vérifications effectuées. Bativigie envisageait, en 2016, de faire normaliser ses procédures dans le cadre d'une certification ISO, mais le dirigeant nous explique que cette démarche est, pour l'heure, suspendue. Autre chantier pour la société, celle de la remise à niveau de la sécurisation des données personnelles, comme demandé par le futur Règlement général européen sur la protection des données (RGPD), qui entrera en vigueur au mois de mai 2018.

 

Selon Frédéric Pradal, une véritable dynamique s'est instaurée chez les maîtres d'ouvrage afin de mieux lutter contre le travail illégal : "C'est une réelle demande face au danger pénal que représente cette pratique et également en termes de déficit d'image. Le mouvement s'est accéléré ces 6 derniers mois, puisqu'ils voient l'intérêt de se mettre à l'abri de poursuites", nous confie-t-il. Confiant dans l'avenir, le p-dg prévoit déjà d'étendre l'offre Bativigie à d'autres secteurs de l'économie sous la marque Activigie, au début de 2018. Seront concernées l'agriculture, l'hôtellerie-restauration, la santé… Ce qui devrait permettre de booster l'activité de son entreprise et de relancer les embauches qui étaient attendues dès cette année. "Je reste optimiste sur les développements futurs. Nous sommes encore prudents mais nous sommes prêts", conclut-il.

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